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20 novembre 2018 2 20 /11 /novembre /2018 15:33
La vraie vie d'Adeline Dieudonné

On doit se féliciter d'avoir eu une enfance banale même si elle ne sera jamais source d'inspiration d'un roman !

Pour la jeune narratrice, dont on ne connaitra pas le prénom, les premières années de sa vie s'écoulent en ignorant sa mère si passive et en se tenant à bonne distance de son père , un chasseur qui n'est heureux que lorsqu'il peut se servir de son arme , ses  seuls réconfort et soutien sont le rire enfantin et gai de son petit frère Gilles, jusqu'au drame dont les deux enfants sont les témoins et qui éteignent la joie de Gilles .

Sa sœur décide alors de tout tenter pour faire revenir le rire de ce petit frère et de devenir , sur les conseils de la  voisine fantasque , une nouvelle Marie Curie , aidée également par un vieux voisin , ancien professeur et qui perçoit le désarroi de la jeune fille autant que ses capacités intellectuelles hors norme .

La science va devenir un exutoire à la violence qu'elle sent à l'intérieur d'elle même , alors que l'enfance s'éloigne avec l'éveil de la sensualité et du désir, de la conscience de son corps et de ses pouvoirs en même temps que de sa vulnérabilité  .

Un récit d'une grande maitrise qui va au plus profond de l'être dans une banlieue lugubre mais où la musique du marchand de glace résonne comme une fête , une promesse de jours meilleurs .

Une histoire que je rapprocherai de celle de My absolute Darling sans l'aspect dérangeant et ambigu qui avait troublé ma lecture .

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20 novembre 2018 2 20 /11 /novembre /2018 15:14
Salina , les trois exils de Laurent Gaudé

Trois exils ,comme une trinité évoquant d'abord pour moi, la naissance, la maternité et la mort , même si pour les deux premières ce ne sont pas toujours les événements biologiques qui sont fondateurs ...

Un fils raconte l'histoire de sa mère pour qu'elle repose dans un cimetière qui évoque à la fois celui de l'ile de San Michele dans la lagune de Venise et le passage du Styx dans la barque de Charon .

Un magnifique récit sous forme de conte comme Laurent Gaudé sait si bien le faire , dans une contrée aride avec des femmes souvent plus puissantes par leurs actes , leur bravoure et leur sagesse que les guerriers qui n'agissent que par la violence aveugle et le pouvoir .

J'ai été envoutée par la magie des mots .

 

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11 novembre 2018 7 11 /11 /novembre /2018 15:37
Le droit du sang de Marcia Clark

Puisque Marcia Clark est une procureure célèbre depuis le procès d'O.J. Simpson, il faut bien admettre qu'elle doit connaitre parfaitement le monde de la justice et que ce qu'elle raconte est le reflet de la réalité ...

Le milieu judiciaire américain est assez différent de celui que l'on connait en France, et l'image que l'auteur nous renvoie du travail d'investigation de l'avocat semble plutôt éloigné de celui de nos cabinets d'avocats français , son héroïne, Samantha Brinkman casse vraiment les clichés que j'avais de cette profession .

Entre  les studios d'émission de télévision et les enquêtes , Samantha, une jeune avocate ambitieuse et casse cou cherche les bonnes affaires , Le procès qui va lui apporter fortune et gloire  . Elle accepte de défendre un policier accusé du meurtre d'une actrice connue et de son amie . L'affaire n'est pas évidente car le témoignage à charge est solide mais Samantha, secondée par son assistance et un détective atypique est persuadée qu'il y a une autre voie possible et va jusqu'à mettre sa vie et celle de ses collaborateurs en danger pour le prouver .

Rebondissements et dénouement sont tirés par les cheveux et parfois touffus , ce qui m'a quelque peu éloigné de l'ardeur que met Samantha à défendre le flic ...

Merci à NetGalley et aux Editions Amazon Publishing France

#LeDroitDuSang #NetGalleyFrance

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6 novembre 2018 2 06 /11 /novembre /2018 10:21
Canicule de Jane Harper

Premier roman de Jane Harper où on fait la connaissance de son héros Aaron Falk , policier dans la brigade financière de Melbourne.

Il revient dans la localité , Kiewarra, où il a passé son enfance appelé par le père de son ami d'enfance Luke Hadler qui a été retrouvé mort après avoir tué sa femme et son fils de 6 ans.  Le père voudrait avoir la certitude que son fils n'était pas impliqué dans la mort d'une jeune fille, Ellie, vingt ans auparavant, une mort suspecte pour laquelle Aaron et son père ont été soupçonnés l'un et l'autre d'être à l'origine de la noyade d'Ellie et ont , pour cette raison , du quitter le pays .

Aaron Falk n'est pas le bienvenu dans le village, les habitants le tenant toujours pour le responsable de la disparition de la fille , ils ont la rancune tenace, excédés par cette canicule qui grille tout et les met à bout .

Avec le policier Raco, nouvellement nommé, ils vont tenter de comprendre ce qui a pu amener Luke à ce geste extrême : la sécheresse qui sévit depuis deux ans a mis tous les fermiers sur les genoux et Aaron explore la piste financière .

Les faits actuels sont entrecoupés par les souvenirs de l'époque de l'adolescence d'Aaron et de Luke et des circonstances de la mort d'Ellie .

La torpeur ralentit l'action du roman, effet voulu par l'auteur pour mieux nous faire ressentir toute la complexité de son personnage Aaron, tenté de repartir à Melbourne , rejeté de façon violente par tous ceux qu'il avait connu mais rivé dans ce lieu par la dette morale qu'il a contactée vis à vis des parents de Luke  , et pour  nous égarer sur les fausses pistes ...

Un excellent thriller !

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4 novembre 2018 7 04 /11 /novembre /2018 11:36
Le dernier Vénitien de Gilles Hertzog

Rentrer dans l'intimité d'un peintre vénitien lorsque l'on est un simple spectateur à s'émerveiller devant les nombreuses œuvres que l'on peut découvrir en visitant Venise : quelle promesse alléchante nous est offerte avec ce roman de Gilles Hertzog narrant la vie de Tiepolo, non pas le grand Tiepolo, mais l'un de ses fils, Giandomenico , et c'est de là que vient mon désappointement.

L'auteur présente la vie de ce peintre de la fin du XVIII eme siècle à un tournant de l'histoire de la Sérénissime précipité par l'arrivée de Bonaparte sous forme d'une longue confession écrite au crépuscule de sa vie , par cet homme qui , comme fils de peintre n'a pas eu le choix de sa carrière puisque très jeune, de même que son frère cadet, il sera apprenti dans l'atelier de son père et subira toute sa vie de n'être que le fils du Grand Tiepolo , n'arrivant que ponctuellement à avoir son propre style et une reconnaissance personnelle pour quelques unes de ses œuvres.

On arrive déjà avec Giambattista Tiepolo , premier peintre du nom,  à la fin de l'époque des peintres vénitiens , il sera qualifié de peintre rococo , ce qui dans notre vision actuelle n'est pas forcément des plus flatteurs. Vivant dans une Europe au siècle des Lumières, il est appelé dans les différentes cours européennes pour réaliser des fresques généralement de sujets mythologiques ou religieux , suivi et aidé de ses fils . Difficile pour les plus jeunes de s'affranchir d'une préférence d'époque et d'imposer un style nouveau , Mais quand on regarde certaines œuvres de Giandomenico , on sent une évolution moderne et plus originale .

Le personnage n'est pas sympathique, assez imbu de lui-même, complexé et même décadent comme ce qu'il nous décrit de la société de la Sérénissime, vieillissante et décadente ne vivant que d'apparences , de futilités et de fêtes , balayée par les troupes napoléoniennes dont la représentation post-révolutionnaire était effrayante pour ce monde privilégié  .

Une lecture ,donc , au plaisir très mitigé vu le peu d'empathie du personnage et d'une écriture souvent alambiquée .

J'ai apprécié les représentations de quelques tableaux en fin d'ouvrage .

Je remercie NetGalley et les Editions Grasset de leur confiance.

#LeDernierVénitien #NetGalleyFrance

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4 novembre 2018 7 04 /11 /novembre /2018 09:24
L'hiver du mécontentement de Thomas B Reverdy

Quelle drôle d'idée de faire revivre cette période de l'hiver 1978-1979 à Londres au moment des gréves qui ont paralysé l'Angleterre entrainant la nomination de Margaret Thatcher comme premier ministre que l'on va croiser par hasard dans le livre,  dans  une époque qui nous semble déjà si lointaine et pourtant ...

Candice est une jeune femme qui a un dynamisme et une volonté farouchement chevillés au corps . Commençant des études d'art dramatique, elle a été choisi pour interpréter le rôle de Richard III , pièce qui ne sera jouer que par des femmes et dont les premiers mots sont : voici venir l'hiver du mécontentement ; et pour s'en sortir financièrement elle est coursier et dévale les rues de la ville sur son vélo .

Ambiance d'une période mouvementée dont on pourrait trouver quelques similitudes avec la notre , mais qui marque surtout la fin d'une époque plus désinvolte , cette insouciance aussi chez les jeunes adultes  que n'avait plus Jones, le pianiste rencontré par Candice et qui, un peu plus âgé et plus désabusé qu'elle , avait perdu ses illusions.

Thomas B Reverdy arrive à nous plonger dans un univers que l'on pourrait trouver banal , c'est incisif, engagé et il appuie sans que cela vire à la leçon politique sur ce qui fait tous les travers et les perversions de notre société moderne.

Drôle de réminiscence de ma jeunesse en écoutant la bande son avec des groupes comme les Sex Pistols avec No future que je n'avais pas entendus depuis bien longtemps .

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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 17:30
Une journée d' Automne de Wallace Stegner

Voilà un très court roman écrit par un écrivain connu pour être "le doyen des écrivains de l'Ouest américain " et c'est bien là que je mesure le gouffre de mon inculture ou le tonneau des Danaïdes que va devenir ma PAL , si elle ne l'est pas déjà  ...

Une histoire simple, intemporelle mais avec une description implacable dans la belle campagne américaine de l'Iowa , début du vingtième siècle.

A la mort de leur père, Margaret accueille sa jeune soeur Elspeth dans la propriété qu'elle partage avec son mari Alec. Margaret a un caractère rigide et surveille les sorties alcoolisées de son époux , Elspeth, elle, est une jeune femme gaie et insouciante qui se lie d'amitié rapidement avec Alec, une amitié qui bien sûr va se transformer en relation amoureuse lors d'une journée d'automne qui sera sans issue et aboutit à une situation figée  où chacun restera enfermé dans son chagrin et sa solitude.

Très bien écrit, où la description de la nature changeante au fil des saisons contraste avec la chape de silence et de tristesse qui s'est posée derrière les murs de la maison .

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25 octobre 2018 4 25 /10 /octobre /2018 21:40
Noir Vézère de Gilles Vincent

J'ai remonté le temps jusqu'à l'époque de la préhistoire en suivant ce premier homme qui a voulu représenter les scènes de chasse qui rythmaient sa vie et la survie de sa horde , j'ai frémis en assistant à la naissance du concept de l'art , quelque chose au dessus de ce qu'il pouvait exprimer et même si cette histoire n'est qu'imaginée par l'écrivain, laissez moi rêver aussi !

Lascaux : qui n'a pas espéré admirer la grotte et ses peintures originelles plutôt que les reconstitutions aussi magnifiques soient-elles qui sont maintenant proposées au public .

Gilles Vincent a construit son roman sur trois époques : celle , donc, d'il y a dix sept mille ans où ont été peintes ces fresques, une période débutant en Novembre 1919 , mettant en scène deux hommes revenus des champs de bataille et qui découvrent les merveilles des grottes en les gardant secrètes et notre époque actuelle avec un paléontologue , spécialiste de Lascaux et descendant d'un des deux anciens soldats et une femme gendarme et qui vont vivre des heures palpitantes mais angoissantes dans la grotte et y découvrir un squelette .

Le meurtre n'est pas vraiment le sujet car le lecteur sait qui est le cadavre et qui est le meurtrier , l'intrigue est simple mais solide , il faut juste se laisser transporter dans l'obscurité de Lascaux, allumer une torche et se laisser envahir par l'émotion .

Je remercie beaucoup Masse Critique et les Editions Cairn pour cette belle découverte.

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23 octobre 2018 2 23 /10 /octobre /2018 12:00
 Château de femmes de Jessica Shattuck

Si l'histoire débute par une belle réception dans un vieux château allemand avec tous les fastes du monde aristocratique du début du vingtième siècle , on sent bien vite que l'ambiance de fête est artificielle,  nous sommes en 1938  et quelques hommes se sont réunis dans un petit bureau pour parler politique ,  ils décident ensemble de lutter contre le pouvoir en place .

Marianne Von Lingenfels , la nièce de la Comtesse qui invite ce soir là est la femme d'Albrecht, un des opposants au régime , elle est bien consciente que cette époque , encore relativement frivole et épargnée pour eux , touche à sa fin .

La première partie du roman oscille entre 1938 et 1945 où le complot contre Hitler a échoué et où les protagonistes ont été pendus, quelques unes de leurs épouses emprisonnées ainsi que certains enfants envoyés dans des orphelinats .

Marianne , devenue veuve , se fait un devoir de rechercher les autres veuves et les enfants des opposants et de les accueillir dans le vieux château familial .

Ainsi se constitue un nouveau cercle familial avec Marianne et ses trois enfants, Benita et son fils Martin puis Ania et ses deux fils , la vie en commun n'est pas facile en cette fin de guerre  surtout lorsqu'il faut faire face au passage des troupes russes mais la solidarité fonctionne entre elles.

Marianne a des idées très arrêtées sur ses devoirs et ceux des autres , élevée à la prussienne dit-elle, elle a un caractère affirmé, une grande bravoure mais également une rigidité assez inébranlable et peu à peu se dessinent dans le roman des interrogations beaucoup plus profondes que la survie de femmes seules pendant la guerre puis dans la période de l'après guerre en 1950 .

Doit-on rester figer dans un devoir de mémoire , perpétuer le souvenir des disparus en refusant de changer de vie,  ou peut-on s'accorder le droit d'une deuxième vie ?

C'est bien entendu le dilemme qui va opposer les femmes et distendre leurs liens ainsi que la révélation du passé d'Ania et des mensonges que cela avait entrainé .

Comment la population allemande a accepté de suivre Hitler, pour nous qui n'avons pas vécu cette époque arrivant après la défaite humiliante pour l'Allemagne, de la première guerre mondiale . Il nous est difficile d'imaginer comment tous ces gens ont cru en ce dictateur leur apportant un rêve et un meilleur avenir  et lorsque les masques sont tombés et que les atrocités ont commencé à être révélées de penser que ce n'était que de la propagande de l'ennemi et puis ne plus en parler comme s'il ne s'était rien passé , un barrage aux sentiments , peut-être l'expression la plus primitive de la honte pour ne pas qu'elle explose et les anéantisse...

C'est ce que tente de comprendre et d'expliquer l'auteur dont une partie de sa famille est allemande et dont la grand-mère a eu un rôle actif pendant la période nazie .

Ce n'est pas évident même quelques générations plus tard d'effacer le sentiment de  culpabilité vis à vis du passé de ses aïeux .

Jessica Shattuck l'exprime parfaitement dans ce puissant roman avec des figures de femmes marquantes , elle ne cherche pas à les rendre sympathiques, juste humaines avec leurs forces et leurs faiblesses .

J'ai beaucoup aimé !

Je remercie les Editions JC Lattès  de leur confiance .

#ChâteauDeFemmes #NetGalleyFrance

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15 octobre 2018 1 15 /10 /octobre /2018 19:07
La révolte de Clara Dupont-Monod

Je me suis appuyée sur une trame historique avérée , mais j'ai pris aussi certaines libertés , précise Clara Dupond-Monod dans les notes de l'auteur en fin d'ouvrage.

J'ai tellement été emportée dans le tourbillon de l'histoire d'Aliénor d'Aquitaine racontée par son fils préféré , Richard Cœur de Lion que mon esprit critique parfois un peu tatillon ne m'a pas titillé .

Après nous avoir évoqué le mariage d'Aliénor avec le futur Louis VII dans le Diable en rit encore , l'auteur nous plonge dans ce qu'est devenu son second mariage avec celui qu'elle n'appelle que le Plantagenêt , le roi d'Angleterre : une lutte de pouvoir , un besoin de vengeance pour lui avoir volé son Aquitaine  , et quel camouflet imagine t'elle en liguant  ses fils et son premier mari, le Roi de France contre lui ...

Richard décrit cette femme, sa mère dont la main  jamais ne caresse ses enfants mais à qui il voue une admiration et un amour sans borne , qui est son guide , son modèle .

Aliénor nous apparait, non pas plus fragile car il y a une détermination farouche dans tous ses actes mais avec des failles , infimes brèches dans la cuirasse de souveraine : la mort de ses enfants et l'attaque de son pays, l'Aquitaine .

Richard, lui, tombe  de son piédestal de héros dans mon panthéon romanesque se révélant parfois indécis , inconstant , et surtout particulièrement sanguinaire  pendant la prise de Saint Jean d'Acre lors de la troisième croisade. Roi bien peu présent dans le royaume d'Angleterre laissant sa mère au pouvoir .

Les phrases s'enchainent avec une parfaite harmonie, c'est admirablement écrit .

Un coup de cœur, et j'espère que ,comme nous laissons Aliénor bien avant la fin de sa vie , Clara Dupond-Monot nous offrira , pour notre plus grand bonheur un prochain roman sur cette grande dame fascinante .

 

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