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30 décembre 2023 6 30 /12 /décembre /2023 17:01
Je suis fait de leur absence  de Tim Dup

Un court roman qui fait entrer le lecteur  de plein fouet dans l'univers des féminicides  : celui de Sophie morte en 2001  tuée par son mari Henri .

L'histoire est narrée par Pierre , 21 ans , le fils de Sophie .

20 années ont passé depuis le drame mais plusieurs événements se bousculent au début du récit.

La maison où a vécu Sophie puis Pierre, élevé par ses grands parents et son oncle Vincent doit être vendue.

Henri sort de prison et traine dans la région.

Et Pierre est follement amoureux de Victoria .

L'auteur prend le parti pris de raconter l'histoire du point de vue du fils qui arrive à l'âge adulte et envisage une vie de couple .

Pour lui qui n'a pas de souvenir de sa mère mais dont la présence est constante , les questions se bousculent .

"Mais c'est vrai que ,dans la famille, Sophie et sa mémoire ont toujours été sacralisées,: lui offrir la trace d'un ange, d'une écrasante sainteté . J'ai grandi dans la fabrication d'un souvenir. C'est comme si nous avions volé l'humanité de ma mère. elle ne peut être que morte , puisque sans aspérités."

Il se frotte au sentiment de culpabilité des parents et du frère de Sophie . il s'interroge sur aussi sur la reproductibilité de la violence de son père dans son comportement à lui .

Tant de questions existentielles qui lui font perdre l’apaisement qu'il avait acquis difficilement pendant son enfance et que seule Victoria calme par son amour .

"Victoria m'extirpe enfin du fantôme de Sophie. Outre l'amour que je lu porte, pour la première fois , même si c'est dantesque de lui faire endosser ce rôle, elle est une alternative à l'ombre de ma mère. et cette idée me soulage un peu ."

Entre les chapitres de Pierre, des retours sur la rencontre entre Sophie et Henri et leurs quelques années de vie commune apportent peu à peu un éclairage sur les éléments du drame au lecteur

C'est un récit puissant qui m'a beaucoup perturbé car on s’intéresse  peu au devenir des enfants victimes de ces féminicides et le malaise, le mal-être de Pierre est très bien exprimé , j'ai souffert avec lui, n'osant imaginer une pareille situation.

Tim Dup fait preuve  d'une grande sensibilité , elle est  à fleur de peau et s'insinue dans le cœur du lecteur.  

J'avoue que je ne connaissais pas  ce jeune musicien, auteur-compositeur , engagé dans plusieurs associations contre les violences faites aux femmes . Je vais écouter avec curiosité ses albums après avoir vibré d'émotion en lisant ce premier roman .

Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Stock pour cette découverte .

#Jesuisfaitdeleurabsence #NetGalleyFrance

 

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23 avril 2024 2 23 /04 /avril /2024 11:38
Du côté sauvage de Tiffany McDaniel

Lettre d'excuse,

Madame McDaniel,

J'ai ouvert votre dernier roman avec l'enthousiasme acquis après la lecture  de vos deux précédents livres qui m'avait procurée un grand plaisir .

Mais, là, je dois avouer , que, malgré mon acharnement à poursuivre, j'ai tout de même dépassé la moitié soit quelques 200 pages, j'ai abandonné ma lecture.

Certes , vous mettez beaucoup de cœur à faire aimer vos deux héroïnes , Arc et Daffy, les jumelles et je m'y suis attachée rapidement . Vos trouvailles sur la gémellité sont belles et apportent une jolie lueur .

Cette lumière s'éteint , par contre, trop souvent et l'accumulation de galères, et le mot est faible, entre des parents drogués, la mort de la seule personne aimante et attentionnée qu'est la grand-mère , la prostitution, la découverte de ces corps de jeunes femmes dans la rivière et par dessus tout la violence infligée aux filles et aux femmes m'a été insupportable .

J'ai cherché une bouée à laquelle me raccrocher avant de devenir moi-même une noyée de désespoir et de noirceur et plutôt que de sombrer encore plus profondément, j'ai refermé le livre , laissant Arc et Daffy affronter cette bataille sans fin avec la drogue .

Je lirai sans aucune hésitation votre prochain roman car votre plume est belle et puissante et je suis désolée de n'avoir pas pu l'apprécier jusqu'au bout de celui-ci ...

 

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1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 10:00
Les chercheurs d'or d'Ariel Djanikian

Fin du XIX éme siècle , la famille Bush attend l'ordre d'expulsion de leur ferme de Selma , comté de Fresno en Californie , la terre est devenue stérile et le père ne peut plus faire face à ses dettes .

Lorsqu'un courrier arrive, ce n'est pas la lettre qu'ils redoutent mais la nouvelle que leur fille Ethel et son mari Clarence Berry reviennent passer l'hiver en Californie alors que la concession de Clarence au Klondike a révélé un important filon d'or promettant un beau rendement : leur richesse est assurée .

Le récit alterne entre les années 1896-1898 au Klondike et 2015 avec les descendants des familles Berry et Bush.

En 1898 , Alice Bush, une des quatre filles de la famille est priée de participer à la nouvelle expédition au Yukon pour soulager sa sœur Ethel souffrante .

Le voyage est dur avec d'une part la traversée périlleuse sur un bateau et d'autre part l'accès au Yukon dangereux au début du printemps .

Sur place, le frère cadet de Clarence , Henry a passé l'hiver à la concession.

L'autrice décrit avec précision la vie de ces chercheurs d'or, les nombreux mineurs déçus qui n'ont pas trouvé le bon filon et dont certains se retrouvent salariés chez ceux qui ont eu plus de chance comme Clarence . Les terres appartenaient aux indiens qui en ont été chassés . Jim Lowel est l'un d'eux et travaille comme pisteur et mineur pour Clarence , sa sœur Jane, elle, est employée comme cuisinière.

En 2015, Peter Bailey, 93 ans, un descendant de la famille Berry , envoie sa petite fille, Anna à Dawson City rechercher les descendants de la famille Lowel pour tenter de répareer les injustices du passé.

Le personnage principal du roman dans sa partie ancienne est Alice Bush . Si, au début du roman , elle apparait plutôt comme une victime, sommée de quitter la ferme pour s'occuper de sa sœur ainée qu'elle admire , elle comprend rapidement la chance qui lui est offerte . Certes, elle est traitée comme une salariée par son beau-frère avec un statut juste au dessus de Jane, l'indienne qu'elle prend en grippe immédiatement , elle subit la dominance de Clarence mais, intelligente et rusée, elle va peu à peu profiter de la situation pour prendre l'ascendant et tirer les ficelles du jeu.

Avec tout cet or à proximité, les vols se multiplient dans la mine des Berry et il y a peu de coupables dans ce huis clos ...

Fortune  faite, le couple Ethel et Clarence Berry rentre en Californie avec Alice .

Après la ruée vers l'or , survient la ruée vers le pétrole .

Cette dernière partie est plus lente ,  les conditions de vie et le statut de la famille a changé radicalement mais les tempéraments restent les mêmes.

Alice, une femme  ambigüe , manipulatrice , a une revanche à prendre sur la pauvreté de son enfance, sur ses sœurs mariées avant elle, ce sentiment de frustration la suit sa vie durant la conduisant à des actes aux conséquences souvent malheureuses . C'est rare de trouver un personnage féminin aussi vindicatif et qui fait froid dans le dos !

Quant à la période récente, Peter sentant la mort approcher remet en cause l'appropriation de la fortune familiale mais ses héritiers ne sont pas forcément du même avis . On peut se poser la question de cette réparation d'un préjudice à distance des fi-ats sur un peuple qui a été chassé  de ses terres ancestrales .

Roman foisonnant, les descriptions sur la vie au Klondike sont détaillés . Ariel Dajnikian a utilisé les écrits d'Alice dont elle est, elle même , une descendante et a consulté de nombreux documents , cela donne au lecteur une vision forte de ce qu'a pu être cette période .

Je remercie NetGalley et les Éditions Buchet Chastel , je recommande cette lecture .

#Leschercheursdor #NetGalleyFrance

 

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29 mars 2024 5 29 /03 /mars /2024 17:22
Antarctica Blues de Jennifer Lesieur

Jennifer Lesieur, une jeune journaliste, épuisée par une vie trop trépidante et stressante parisienne embarque sur un bateau de  croisière pour l'Antarctique .

Ce récit concerne en fait deux voyages effectués à quelques mois d'intervalle résumés en un seul .

Nous avons droit aux différentes descriptions de la vie à bord du bateau,  de la diversité des nationalités de  l'équipage ainsi que celles des passagers , des occupations proposées , de sa cabine , de l'équipement pour les sorties ... J'avoue ne pas avoir été intéressée par ces passages ressemblant parfois à une notice touristique vantant les mérites de cette compagnie.

Jennifer Lesieur rapporte aussi les différentes explorations vers ce continent, expéditions souvent dramatiques laissant beaucoup de morts en chemin et de désillusions mais parfois couronnées de succès et de belles aventures, ce n'est pas le cas des ravages de la chasse à la baleine . Ces parties sont bien documentées .

Les différentes sorties sont détaillées avec souvent l'histoire des iles et des terres abordées. La découverte des colonies de manchots , des baleines, des phoques  est un choc émotionnel .

Les conditions météos dans cette partie extrême du monde sont souvent capricieuses avec des brouillards fréquents empêchant observations ou sorties.

"L’Antarctique, c'est aussi cela : accepter de ne rien voir et en retirer de la grâce ".

Chapeau pour le bain dans une eau à moins de 1 degré !

Bien sûr , le changement climatique et ses désordres  et dégâts évidents , en particulier sur les différentes espèces de manchots sont abordés .

"C'est ici, sur la péninsule Antarctique, que le réchauffement climatique est le plus rapide, visible et impactant. La faune crève de chaud, et le sourire se crispe en voyant les poussins papous haleter sous leur chaud duvet "

"Le dilemme du tourisme polaire " est le titre d'un chapitre : la journaliste se pose et pose la question ... De devenir "ambassadeur de ce continent " est-il suffisant comme justificatif  ?

On comprend aisément ce qui a séduit , ou plutôt ce qui a imprimé une marque indélébile à ces voyageurs privilégiés ... Il y a une fascination pour ces paysages, pour l'ambiance et , chose plus surprenante pour la musique qui émane de la contemplation .

Alors, je pars ou pas ? La réponse est évidente et n'a pas variée après la lecture de ce récit, je ne verrai pas l'Antarctique , je ne veux pas rajouter mes petits pas d'humain à ce sanctuaire si fragile , je continuerai à rêver de ces contrées et à espérer un électrochoc de nos consciences devant l'avancée du péril climatique .

Je remercie NetGalley et les Éditions Stock .

#AntarcticaBlues #NetGalleyFrance

 

 

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22 mars 2024 5 22 /03 /mars /2024 15:25
Un animal sauvage de Joël Dicker

Je ne suis pas une lectrice habituelle de Joël Dicker mais après l'avoir entendu parler de la lecture sur sur les ondes , j'ai été curieuse de découvrir son dernier roman, et, ma foi, j'y ai pris du plaisir !

Le récit commence par un braquage à Genève dans une bijouterie, les braqueurs, surnommés La Casquette et La Cagoule sont visiblement des pros ...

Dans une banlieue huppée de Genève, deux couples font connaissance grâce aux enfants .

Arpad et Sophie Braun habitent une maison d'architecte , une sorte de cube de verre, en bordure de forêt , ils sont jeunes, riches et beaux et forment un couple harmonieux .

Greg et Karine  ont mis leurs économies dans une maison d'un lotissement surnommé La verrue . La vie pour eux est un peu moins facile , le couple vacille par monotonie .

Greg est subjugué par Sophie et ne peut s’empêcher de l'épier chez elle . C'est un flic apprécié faisant partie de la brigade d'intervention .

Mais il n'est pas le seul à suivre la jeune femme .

L'évolution des événements est astucieusement construite avec un compte à rebours par rapport au braquage , le déroulement minuté du cambriolage et des retours en arrière sur le passé des personnages, principalement Arpad dont la belle façade actuelle se fissure et dont les actions passées ne sont pas aussi brillantes que la situation qu'il montre  .

Ce découpage donne une histoire bien rythmée rendant la lecture addictive même si les personnages sont assez stéréotypés , l'écriture est simple comme semble être ce braquage mais le lecteur n'est pas au bout de ses surprises .

Ne boudons pas un plaisir de lecture sans prise de tête !

Ce n'est pas pour cela que je vais me précipiter sur les romans précédents de Joël Dicker, il faudra avoir des arguments solides pour me convaincre ...

 

 

 

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20 mars 2024 3 20 /03 /mars /2024 10:14
Le prince de Kalmoukie : un étonnant voyage dans la steppe russe de Marine Dumeurger

Si j'ai été emballée par le début du récit où l'on découvre Serge en costume , monté sur un cheval , en pleine steppe et acclamé par la foule comme son Prince revenu d'exil , la suite m'a paru plus dispersée en quittant la Kalmoukie .

L'histoire de Serge et de sa famille, issue de cavaliers mongols oïrats se confond avec celle de l'Empire russe à travers les siècles jusqu'à leur exil lors de la révolution bolchevique .

Que certains veuillent retrouver les descendants se fond dans une sorte de nostalgie des temps anciens de ce petit pays , la Kalmoukie , une république de Russie qui a la particularité d'être bouddhiste .

Bien sur, Serge, la quarantaine bien avancée , quitte sans regret une vie morne d'ingénieur pour retrouver ses racines  et un statut de Prince mais , une fois l'exaltation passée , les tracas administratifs s'empilent entre le renouvellement de son visa, l'obtention de son passeport et les autorisations nécessaires pour sa Land Rover dernier cri .

On n'en saura guère plus à mon grand regret . Marine Dumeurger est journaliste , attirée par la Russie et  nous livre de façon un peu décousue au niveau chronologique le récit de ses voyages, rencontres dan ses dix dernières années ainsi que la transformation de la société russe et la guerre avec  l'Ukraine .

Ce n'était pas ce que j'avais imaginé , je m'attendais à un récit plus enflammé ...

Au moins, j'aurai fait la connaissance avec ce petit pays La Kalmoukie .

Je remercie NetGalley et les Éditions Marchialy

#LePrincedeKalmoukie #NetGalleyFrance

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19 mars 2024 2 19 /03 /mars /2024 10:01
Les doigts coupés de Hannelore Cayre

Hannelore Cayre nous fait remonter le temps avec l'histoire  étonnante d'Oli , une jeune Homo Sapiens ayant vécu il y a 35 000 ans .

La découverte d'une grotte au début du roman est traitée avec beaucoup d'humour : le coup de pelle d'un ouvrier polonais dévoile un squelette et l'entrée d'une grotte avec un second squelette et des peintures rupestres surprenantes ...

Quelque temps plus tard, la présentation au public et à ses collègues est faite par Adrienne Célarier,  une paléontologue ambitieuse,  (référence à Adrienne Zihlman dont les travaux se sont orientés sur le rôle des femmes à la préhistoire ?). Ses travaux révèlent l'existence de peintures murales correspondant à des mains mutilées de femmes :  les doigts coupés .

Parallèlement à la présentation, nous suivons , dans la vallée de la Vézère , Oli et les autres membres de sa tribu d'Homo Sapiens , un petit groupe composé de deux familles . Oli supporte mal le travail laissé aux femmes et voudrait partir chasser avec les hommes , ce qui lui est refusé par celui qui est le chef sous prétexte du chaos que cela entrainerait et qui , à chaque rébellion d'Oli , lui coupe un doigt . Les hommes partent chasser , les femmes taillent les outils , préparent les peaux, cousent, cuisinent , et au retour du chasseur passent à la casserole ...sauf Oli qui ne veut pas d'un homme dans ces conditions , combat de la première féministe ? ou présenté comme telle !

La rencontre avec un groupe de Néandertaliens et ses conséquences quelques lunes plus tard entraine un cheminement de réflexion chez les femmes , le début de l'anthropologie en quelque sorte et c'est là le véritable point d'entrée d'un certain chaos . Oli fuit et part vers la mer , dans ce périple, elle croise d'autres tribus et sème la petite graine de discorde entre hommes et femmes ...

Si j'ai eu du mal au début à me faire aux dialogues de ces hommes préhistoriques, j'ai pris plaisir à suivre Oli, sa révolte de femme qui refuse déjà la condition et l'asservissement dans lesquelles les hommes les emprisonnent . Pourquoi pas !

L'écriture acérée d'Hannelore Cayre est toujours aussi plaisante, teintée d'humour même si le sujet est grave et éternellement renouvelé ...

Je remercie Masse Critique et les Éditions Métailié

 

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17 mars 2024 7 17 /03 /mars /2024 14:53
Âpre monde de Franck Bouysse

Si j'oublie le fait que j'aime beaucoup Franck Bouysse , en particulier pour l'atmosphère souvent lourde, comme de la boue qui colle aux bottes qu'il sait transmettre dans ses romans, celui-ci m'a plutôt déçue .

Je me suis d'abord rendue compte que c'était le second tome d'une série et même si les faits du premier épisode sont en partie rappelés , il manque la genèse de cette histoire , elle n'est pas indispensable mais j'ai eu l'impression de rater quelque chose ...

Elias Greenhill revient après un séjour en France à la recherche de ses origines, dans la région montagneuse de l'Oregon, là où il a vécu enfant , recueilli par un couple d'indiens .

Il acquiert un petit lopin de terre et construit une cabane . En revenant dans ce coin, il y retrouve bien entendu Elisa , son amour platonique de jeunesse mariée à Caryl Drumm, fils du gros propriétaire terrien .

Le reproche essentiel est que tout est convenu  dans cette histoire , on devine aisément ce qui va se passer et le saccage de la forêt , élément important, peut-être plus développé dans le premier opus  n'est que brièvement évoqué ici.

Seules les descriptions de la nature que ce soit au fin fond des Cévennes ou de l'Oregon sont toujours un plaisir d'écriture ...

"Il entendait carillonner l'eau à chaque impact qui en détournait la route , Il savait de quelle manière se déployaient les saisons semblables à des tapis imprégnés du cycle de chaque forme de vie, la préexistence du végétal dans l'embryon de la graine, le long sommeil des animaux, leur réveil discret et leur quête reproductrice. La beauté sans nécessité. Une offrande dépourvue de contrepartie. Les interactions du vivant dans la plus absolue simplicité . "

Dommage et je ne peux que conseiller de lire d'abord Pur sang , le premier tome , je dois reconnaitre que cela était précisé dans le résumé que je ne lis pas toujours !

 

Je remercie NetGalley et les Éditions Phébus

#Âpremonde #NetGalleyFrance

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11 mars 2024 1 11 /03 /mars /2024 10:32
Avant la nuit de Maria Malagartis

Un coup de poing avec ce roman qui nous fait revenir en 1994 dans un petit pays africain qui n'est nommé qu'à la fin du récit mais que l'on identifie facilement.

Pour le grand public , les atrocités qui ont secoué le Rwanda commencent avec l'attentat qui a tué le président du pays mais les événements ont débuté bien avant.

Six enfants d'un village sont assassinés en allant chercher de l'eau . Ce sont des soldats de l'ONU, les Casques bleus qui sont chargés des recherches puis de l'enquête .

Ben, un soldat canadien tente , en vain , de sauver la seule survivante du massacre . Comment oublier ces moments d'horreur et d'angoisse qui vont le marquer au plus profond de son âme ...

Les soldats interrogent les habitants aidés par un traducteur .

Les coupables sont vite désignés, ce sont les rebelles, d'ailleurs un gant n'a t'il pas été retrouvé près du lieu du massacre . Mais Ben s'interroge ... Il en fait part à Ousmane , un autre casque bleu, sénégalais et à son commandant .

Un mois plus tard, Élise , une jeune journaliste belge, métisse,  est sur place pour finaliser un documentaire qu'elle réalise sur la mort de Diane Fossey, la primatologue assassinée une dizaine d'années plus tôt. Elle a connaissance du meurtre des enfants et ,comme rien ne se passe, elle décide d'enquêter elle aussi .

"Élise a du mal à le formuler, peut-être à l'accepter. Mais ce crime impuni, qui ne semblait bouleverser personne, suggérait l'existence d'un monde parallèle, un jeu d'ombres qui insufflait la peur. Celle qu'elle ressentait désormais elle même , de façon fugace et incontrôlable ."

Les étrangers comme Élise fréquentant les mêmes lieux, hôtels et bars, les rencontres fortuites ou provoquées sont fréquentes . Français , belges et Rwandais , des diplomates vieillissants, hommes d'affaires plus ou moins louches et légales, personnes gravitant autour de la présidence , espions ... Rien n'est vraiment franc ni spontané dans les relations . Cela crée un climat de suspicion qui s'aggrave d'autant plus que ceux qui ont connu le pays quelques années auparavant comme Maurice, un diplomate belge, se souviennent des jours heureux et de l'insouciance qui régnaient alors ...

Parmi la population locale, les discriminations entre ethnie majoritaire et ethnie secondaire sont de plus en plus flagrantes, les derniers étant ostracisés tant dans la vie quotidienne que dans leur milieu de travail, les lynchages et les attaques se multiplient . C'est ainsi que Ben et Ousmane sauvent un couple mixte, Charles et Clarisse d'une attaque dans une rue de la ville .

L'ambiance  devient plus oppressante, des rumeurs circulent, les incidents se multiplient.

Les signes avant coureurs étaient là , mais chacun se voile la face devant l'intolérance qui monte, les Casques bleus sont dépassés, eux mêmes ne sont pas sans reproches dans leur attitude  .

Voilà un roman intelligent qui mêle fiction et réalité , qui pointe du doigt les défaillances  des états , l'aveuglement général, les nombreuses manipulations et corruptions  et le rôle des français dans le génocide des tutsis qui a suivi la mort du président rwandais . Un massacre dont je me souviens avec effroi.

On voit bien que Maria Malagardis, journaliste à Libération connait parfaitement son sujet . Elle a été sur place , elle a publié des livres sur le génocide et elle se bat pour que la justice soit rendue . Les personnages de fiction qu'elle met en avant dans ce récit sont eux mêmes fragiles, Ben est trop sensible et n'a pas choisi ce métier de soldat par vocation, Elise s'interroge sur ses origines, Maurice, le vieux diplomate belge, se rend compte des œillères qui l'arrangent bien...

En plus, elle écrit bien et j'ai été emporté dans un maelstrom d'émotion .

Et les derniers propos du livre , vingt ans plus tard lorsque Ben rencontre Charles résument bien le poids que chacun porte

"on a tout vu venir, Charles. Mais face à l'annonce d'une catastrophe, c'est toujours difficile de passer du futur au présent. Le pire est toujours devant nous , on le résume à une hypothèse. C'est comme si l'espoir semblait toujours plus raisonnable , plus rassurant en tout cas. Et parfois , il nous aveugle ..."

Je remercie grandement NetGalley et Talent Éditions , cette lecture a été particulièrement marquante ...

#Avantlanuit #NetGalleyFrance

 

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4 mars 2024 1 04 /03 /mars /2024 16:29
Nos âmes sombres de Sarah Bordy

Je vais aller à l'opposé de la plupart des critiques de ce roman policier, je n'ai pas franchement vibré à sa lecture , dommage ...

Le prologue s'ouvre avec la découverte d'un cadavre dans les bois .

C'est celui de Barnabé Rollet qui a fait fortune dans cette région de Franche Comté . Il a été tué d'une balle dans la tête . Son frère Hector avait déjà été assassiné de nombreuses années auparavant .

Le gendarme Julien Georget et la jeune recrue Dylan sont appelés pour un feu d'ordures sauvages où, dans le tas calciné est extrait un bout d'enveloppe au nom d'Alice Gallo, une femme qui a disparu depuis longtemps .

L'enquête sur le meurtre va , par contre, vite échapper à la brigade de gendarmerie de Pontarlier et Julien qui espère bien ne pas rester dans cette ville en est marri .

Beaucoup de personnages gravitent autour de ces histoires de disparition, meurtres et autres . Ici , tout le monde se connait sur 3 générations , les rancœurs et les jalousies sont bien entendu flagrantes . Le climat de suspicion pénètre également au cœur des familles .

Tout cela rend l'ambiance bien sombre, chacun ayant quelque chose à cacher .

J'ai trouvé que la narration était trop dispersée , les chapitres sont très courts et cela s'accélère nettement à la toute fin , cela coupe la bonne compréhension,  et l'idée que l'on peut se faire sur chaque personnage ,j'ai eu parfois du mal à les resituer et du coup aucun n'est rendu sympathique en dehors du jeune Kevin, le seul qui vraiment subi de plein fouet cette ambiance délétère .

L'intrigue est assez classique même si elle réserve quelques petites surprises à la fin mais pas de grandes révélations quand même . Sarah Bordy appuie sur les histoires de notables de petites villes de province, leur influence dans les affaires , mais rien de bien nouveau et c'est plutôt l'inverse qui aurait été étonnant !

Je ne connais pas Pontarlier et ce roman ne donne absolument pas envie d'aller y faire une petite visite , les descriptions parfois appuyées ne sont guère engageantes ...

Je remercie Masse Critique privilégiée et les Éditions du Gros Caillou .

 

 

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