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13 septembre 2023 3 13 /09 /septembre /2023 16:50
Déserter de Mathias Enard

Voilà un roman singulier avec deux histoires entrelacées , narrées en parallèle ...

Un soldat, à une époque récente , est en fuite, il a déserté et veut rejoindre sa région natale, montagneuse où il espère se cacher dans la cabane qui fut celle de son père, suffisamment isolée du village.

C'est un homme qui a beaucoup de morts à son actif, des actes barbares et on sent le dégoût qui monte chez lui avec comme espoir que la vision de cette cabane et de ces souvenirs d'enfant lui donneront , si ce n'est le pardon de ses péchés , au moins le début d'une vie plus vertueuse même s'il garde son fusil, dernier lien avec la guerre et dont il a du mal à se séparer.

Seulement, sa solitude est rapidement interrompue par l'arrivée d'une jeune femme et de son âne, elle- même fuyant son village après avoir subi des violences. On comprend vite que chacun est d'un camp opposé à l'autre et que le conflit peut se poursuivre entre eux , même s'il est inégal. ou bien s'aider l'un l'autre en se débarrassant de sa peur ...

L'autre partie du roman raconte un colloque scientifique se déroulant sur un bateau proche de Berlin, avec comme point d'orgue l'hommage rendu au mathématicien Paul Heudeber en présence de sa veuve, Maja et de sa fille Irina . La date programmée étant le 11 Septembre 2001 , le congrès va bien entendu  prendre une autre tournure.

Cet homme, Paul Heudeber était donc un mathématicien reconnu, habitant l'Allemagne de l'Est, très engagé politiquement , un communisme qu'il n'a jamais voulu renier ce qui lui a valu d'être emprisonné dans un camp de concentration, une RDA qu'il n'a jamais vraiment quittée   . Une fidélité à ses idées qui s'est avérée plus forte que son amour pour sa femme, vivant en Allemagne de l'Ouest.

Sa fille Irina évoque quelques années plus tard les souvenirs de ses parents en rencontrant ceux qui ont bien connu le couple et découvre une certaine partie cachée de leur vie , une sorte de désertion de l'un des deux à ses idéaux .

La partie avec le soldat et la femme est assez prenante, on sent bien la tension entre le déserteur et la femme en fuite , chacun épiant l'autre et malgré cette ambiance étouffante , il y a les descriptions magnifiques de la nature sauvage : la mort en balance avec la beauté ...

J'ai trouvé celle sur la vie du mathématicien plus difficile d'abord, assez technique , laissant peu la place à l'émotion,  le constat de cet hommage est assez amer sur la réalité des sentiments des uns et des autres sauf ceux d'Irina ballotée entre ses parents même à l'âge adulte ...

Alors le lecteur se pose la question de ces deux récits, comment les relier ? D'un coté la désertion et de l'autre la fidélité à ses engagements , c'est toute la dualité de l'être humain en somme !

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10 septembre 2023 7 10 /09 /septembre /2023 17:07
Une farouche liberté : Gisèle Halimi, la cause des femmes de Annick Cojean

Voilà une belle initiative que ce roman graphique sur la vie de Gisèle Halimi , une alternative au livre coécrit par Gisèle Halimi et Annick Cojean : Une farouche liberté .

Gisèle Halimi est née le 27 Juillet 1927 en Tunisie, et très tôt , elle se rebelle contre sa condition de fille , entre autre , faire le lit de ses frères lui apparait comme une injustice, on la comprend. Grâce à sa ténacité, à son intelligence brillante et au soutien de son père, la jeune fille peut envisager de faire ses études de droit à Paris.

Revenant à Tunis avec son diplôme en poche , elle est interpellée par la lutte des militants pour l'indépendance de la Tunisie et l'Algérie . Ce sera son premier combat .

La défense d'une jeune femme Djamila torturée et violée par des militaires français la propulse dans une sphère plus large , elle sera aidée par Simone Veil.

De retour à Paris , elle se passionne pour le droit à l'avortement et gagne des procès retentissants, soutenue par des femmes comme Simone de Beauvoir et Françoise Sagan .

S'en suivra la loi Veil .

Le combat continue avec le mouvement Choisir la cause des femmes.

J'avoue ne pas avoir suivi , à l'époque, ces débats des années 1970 , la tête dans mes études mais je suis redevable à ces femmes et à Gisèle Halimi de s'être battue pour la cause des femmes, même si ce n'est toujours pas gagné .

C'est à chacune d'entre nous de bouger, de refuser le rôle auquel on veut si souvent nous reléguer , je l'ai toujours pensé et tenté de garder la tête haute !

Donc un roman graphique très bien conçu

 

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7 septembre 2023 4 07 /09 /septembre /2023 16:24
Les grandes nacres de Catherine Baldisseri

Voilà une belle histoire de transmission d'un art et d'un savoir-faire , celui de filer la soie de mer après l'avoir récoltée dans les eaux méditerranéennes auprès d'un coquillage bivalve, la grande nacre qui fabrique un filament, le byssus qui deviendra après de nombreuses opérations délicates ce fil si spécial et si rare.

Cette tradition ne se transmet qu'à des femmes nubiles avec son cortège de serments, rites, prières et interdits .

Lorsque le récit débute, Rosalia a hérité du savoir faire de sa grand-mère, Efisia ,qui plonge depuis de nombreuses années pour recueillir le byssus tout en surveillant la bonne santé des grandes nacres dont elle se sent la gardienne .

Rosalia, elle, a quitté l'île pour poursuivre des études universitaires et est devenue une spécialiste de ces coquillages.

Catherine Baldisseri s'attache à la vie de cette famille dont l'aïeule La Pittifatta était déjà une fameuse fileuse de soie de mer , puis surtout à Efisia, une femme résolue à respecter ses serments, droite dans sa ligne de conduite mais tendre avec sa petite fille dont elle guide l'apprentissage .

Tout en émerveillant le lecteur devant la beauté des paysages marins, en le surprenant avec cette coutume peu connue de filage du byssus , l'auteure alerte à travers le personnage de Rosalia sur l'appauvrissement des fonds marins lié aux activités humaines et au réchauffement climatique.

Une lecture bien agréable, j'en remercie NetGalley France et les Éditions Julliard .

#Lesgrandesnacres #NetGalleyFrance

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6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 16:39
L'hôtel des Oiseaux de Joyce Maynard

Enfant, Joan accompagnait sa mère dans une errance joyeuse au gré des hommes qu'elle rencontrait tout en lui chantant des mélodies avec sa jolie voix .

Cette période prend fin brutalement lorsque la mère de Joan disparait lors d'une explosion d'origine criminelle , à New-York en 1970 . La grand-mère de Joan décide alors de fuir et la fillette devient Amelia.

Quelques années plus tard, un nouveau drame vient arrêter le cours de la vie heureuse d'Amelia qui trouve refuge dans un village , La Esperanza , au bord d'un lac dominé par El fuego, le volcan.

Elle est accueillie par Leila dans son hôtel délabré , la Llanora , Leila est une vieille femme généreuse , le jardin est luxuriant, les oiseaux enchanteurs , la vue sur le lac et le volcan magnifique. Amelia prend la suite de Leila , embellit l'établissement mais reste profondément marquée par les différentes pertes des êtres aimés.

Le lieu est le cadre de passage de personnes qui ont toutes une histoire à raconter. Ces morceaux  de vie sont souvent pittoresques, heureux ou tristes . Le cadre merveilleux, l'accueil simple et sans jugement d'Amelia, la merveilleuse cuisine de Maria rendent ces séjours inoubliables, comme un petit morceau de paradis sur terre et lorsque chaque année, la nuit des lucioles resplendit, la contemplation est magique.

La vie du village vient aussi rajouter du piquant à la description.

Quand on a eu la chance de séjourner au bord du lac Atitlan au Guatemala , on reconnait ces paysages uniques qui se gravent à jamais dans la mémoire.

Si j'ai aimé le début du récit, y trouvant cependant quelques faits déjà rencontrés dans d'autres romans sans pouvoir retrouver lesquels , j'ai trouvé la partie centrale un peu longue avec les différentes petites histoires des clients de passage , la trahison d'un ami se sent rapidement et n'étonne guère . La fin du roman réveille heureusement le lecteur.

Dans les remerciements que fait Joyce Maynard, j'ai été assez effarée par les blocages des éditeurs , heureusement que ce roman a pu être accepté par un éditeur moins wokiste ...

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1 septembre 2023 5 01 /09 /septembre /2023 17:45
La mer de la tranquillité d'Emily St.John Mandel

On avance, on avance, on avance
C'est une évidence
On a pas assez d'essence
Pour faire la route dans l'autre sens
On avance
On avance, on avance, on avance

Alain Souchon

Je ne sais pas pourquoi j'ai eu cet air dans la tête lors des premiers chapitres du nouveau roman d'Emily St. John Mandel ...

Sans doute parce les années, voire les siècles défilent sans que le sens soit évident de prime abord .

Les éléments reliant ces périodes :  1912, 2020, 2203 sont appelés "Anomalie" , des flashs très brefs de visions , de berceuse jouée au violon et de bruit après un trou noir . Ceux qui le perçoivent sont peu nombreux et c'est leur bout d'histoire que l'on découvre , on retrouve d'ailleurs quelques lieux et personnages rencontrés dans son précédent roman, L’hôtel de verre . Précisons qu'il n'est pas besoin d'avoir lu ce livre avant.

L'explication pointe son nez lorsque nous sommes en 2401, mais il faudra arriver à la fin pour vraiment tout comprendre et même reprendre les premiers chapitres avec un autre regard.

Je n'ai pas été emballée par cette histoire , étant plutôt éloignée du monde de  la science-fiction (sans doute parce que souvent les visions d'avenir ne me conviennent pas ou me font peur , comme celle évoquée de la simulation : vit-on dans un monde réel ou dans une simulation: moi , ça me fait froid dans le dos quand même , ou celle de vivre dans une colonie lunaire .avec une pseudo-reconstitution de l'ambiance de la Terre .qui , en plus, vieillit mal .. ) .

"... c'est que si d'aventure on découvre une preuve irréfutable que nous vivons dans une simulation, la bonne réponse à ce scoop sera Et alors ? Une vie vécue dans une simulation n'en reste pas moins une vie ."

Mais j'aime la façon d'Emily St John Mandel de raconter les histoires , cette fois-ci en me déroutant un peu , on traverse les années en mettant l'accent sur certains événements marquants: la première guerre mondiale, la pandémie avec une longue période de confinement .

Les voyages dans le temps font rêver et la question récurrente est bien celle de l'envie d'influencer le cours des événements .

 

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 14:50
La langue des oiseaux de Claudie Hunziger

En scrutant d'un œil qui se veut impitoyable les étagères d'une de mes trop nombreuses bibliothèques, mon regard s'est arrêté sur ce livre : La langue des oiseaux ... Roman offert pour son titre à un amoureux des oiseaux mais jamais ouvert , finalement ce cadeau raté n'aura pas le triste sort des livres oubliés.

Prévenue par la lecture de Un chien à ma table, où il était question un peu de chien  et de beaucoup d'autres choses, je ne m'attendais pas à une aventure ornithologique extraordinaire.

Les oiseaux sont là, vigiles des saisons qui passent et lutins de souvenirs d'enfance avec le père éveilleur de l'observation.

Zsa Zsa, une écrivaine où l'on se plait à voir le double de Claudie Hunziger quitte sa vie parisienne et son compagnon et s'isole dans une campagne au fond de la forêt vosgienne.

Intriguée par les de petits mots accompagnant la vente de vêtements sur Internet, elle se lie avec Sayo, une japonaise en exil en France.

Commence alors des échanges où le lecteur se demande qui est captive de l'autre, chacune phagocytant l'autre à sa façon.

" laquelle de nous deux avait été la plus forte ? Un jour , c'était elle, qui avait gagné haut la main . Le lendemain, je pensais non , c'est le romancier et tant pis s'il est infréquentable , car, quoiqu'il en soit, il fallait raconter cette histoire ..."

L'atmosphère est étrange, poétique, sans soulever d'inquiétudes sur cette vie solitaire en pleine forêt, surmontant l'hiver rigoureux. On y trouve de belles réflexions sur la création littéraire, le pouvoir des mots .

"Parce que la question de fond était là : laquelle le chasseur, laquelle la proie ?

les livres n'ont pas d'yeux . Ils sont aveugles. Ils ne nous jugent pas du fond d'une tombe comme si nous étions Caïn ; ils ne nous observent pas du haut d'un plafond telles des caméras de surveillance . Au contraire, ils nous montrent leur dos , tournés ailleurs, vers le secret ."

Et finalement, même si ce roman est éloigné du genre que j'aime, même si le chant des oiseaux ne se fait pas souvent entendre, j'ai aimé cette balade vosgienne.

 

 

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28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 18:09
Le grand feu de Leonor de Recondo

Un roman d'amour dans la cité de Venise au début du XVIII ème siècle .

D'abord, amour de la musique . Cela commence par la naissance d'Ilaria dans la boutique de tailleur de ses parents et par la décision de sa mère Francesca de vouer l'enfant à la musique en la confiant à Bianca, sa cousine qui travaille à la Pietà .

La Pietà est une institution vénitienne qui offre aux orphelines et à quelques enfants une éducation musicale poussée, les jeunes filles donnant  des concerts  qui sont très prisés par les vénitiens .

Lorsque, jeune enfant, Ilaria commence le violon, c'est le Maitre Antonio Vivaldi qui préside à l'organisation de l'enseignement tout en composant ses œuvres dont il confie plus tard la copie à Ilaria.

La Pietà, établissement public a un fonctionnement monacal et les jeunes filles ne sortent que rarement, ainsi Ilaria ne voit sa famille qu'une fois par an et ne connait rien de la vie de la cité.

Ce roman rend hommage à la Sérénissime, cité unique où le bruit silencieux de l'eau joue avec la lumière toujours changeante.

Le grand feu est aussi un roman d'amour , celui de Paolo pour Ilaria.

Les descriptions autour de la musique, de sa création à sa transmission  et à l'apprentissage d'un instrument sont magnifiques, Léonor de Récondo qui est également violoniste sait parfaitement en parler, c'est là que le feu est le plus grand et le plus beau et c'est par ses mots que l'émotion nait .

" La voix, le virginal, la beauté. Elle trésaille, cette partition inconnue la remplit. elle va prendre feu. Son violon va brûler l, es tentures, le palais, tout va brûler. Elle n'est plus qu'une flamme vive, elle avec le ruban, l'habit blanc, ses tresses, une couronne incandescente. "

J'ai trouvé l'histoire d'amour enter Paolo et Ilaria plus  secondaire, classique , et la flamme qui dévore le jeune homme est  moins crédible dans sa manière de s'exprimer que celle des musiciens même si cette passion va troubler la jeune fille .

Mon sentiment , à la lecture de ce roman a été ambigu , bercé par la musique des mots de Léonor de Récondo mais sans véritable émotion . C'est beau mais je suis restée un peu à la porte, sans vraiment ressentir la chaleur de ce grand feu.

#Legrandfeu #NetGalleyFrance

Je remercie les Éditions Grasset et NetGalley

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25 août 2023 5 25 /08 /août /2023 17:31
Le portrait de mariage de Maggie O'Farrell

Renaissance italienne , entre le Palais de Florence en 1544 et la forteresse , région de Bondeno 1561 ,Maggie O'Farell nous raconte l'histoire de Lucrèce de Médicis .

Lorsque le récit commence , Lucrèce, mariée depuis un an à Alfonso II d'Este, duc de Ferrare , est persuadée que son époux veut l'assassiner .
Ils sont partis seuls rejoindre un pavillon de chasse qui s’avère être une forteresse alors que la jeune femme imaginait revenir dans le palais paradisiaque où elle avait vécu au tout début de son mariage et où elle croyait encore à un bonheur possible ...

Astucieusement, l'écrivaine alterne cette dernière période avec l'histoire de Lucrèce depuis sa conception.

Cinquième enfant de Cosme , Grand duc de Toscane et d’Eleanor, Lucrèce est une enfant intelligente, curieuse, plutôt indépendante par rapport sa fratrie, elle excelle dans le dessin et la représentation d'animaux sur de petits tableaux .
Elle ose explorer le palais paternel à la découverte des animaux enfermés dans des salles obscures et secrètes .

"Pendant un long instant, Lucrèce et la tigresse se regardèrent, la main de l'enfant sur le dos de la bête. Le temps s'arrêta et la Terre cessa de tourner. La vie de Lucrèce , son nom, sa famille et tout ce qui l'entourait s’évaporèrent , se muèrent en un vide. Il ne restait plus que son propre cœur et celui de la tigresse, battant entre leurs côtes, pompant le sang écarlate pour le réinjecter dans leurs veines inondées. elle respirait à peine, ne cillait plus. "

Cette enfance heureuse et insouciante s'interrompt lorsqu'elle doit épouser à la place de sa sœur décédée le futur duc de Ferrare , Alfonso .
Le mariage est somptueux puis le duc emmène sa jeune épousée dans son pays .

Peu à peu Lucrèce découvre le vrai visage d'Alfonso , ou plutôt sa double personnalité : un homme charmant , attentif et aimant qui peut se transformer en homme autoritaire et violent, et en même temps, elle comprend que le seul but de ce mariage est de lui donner un héritier pour consolider la position familiale et politique fragile du Duc de Ferrare.

Tout au long du récit, la tension monte, on partage l'appréhension de Lucrèce et on redoute l'incontournable destin de cette jeune femme à peine sortie de l'enfance livrée aux griffes d'un homme ivre de pouvoir.

Comment va t'elle pouvoir s'opposer à Alfonso ?

À partir d'un fait historique, Maggie O'Farrell construit un roman passionnant , confirmant son talent déjà apprécié lors de son précédent roman Hamnet .

Un joli portrait de femme qui a combattu avec  obstination et courage les jougs imposés par sa naissance et son mariage , affrontant la violence d'un homme, refusant la brutalité des puissants et laissant parler son cœur ...

Un grand merci aux  Éditions Belfond et NetGalley France 

#MaggieOFarrell #NetGalleyFrance

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20 août 2023 7 20 /08 /août /2023 19:55
Ravage de Ian Manook

Comme Ian Manook l'explique en préambule, il s'est inspiré d'une histoire vraie de chasse à l'homme dans le Nord du Canada , hiver 1931-1932, avec peu d'éléments connus sur lesquels il construit son roman.

Alors que j'écris ces lignes, un épisode caniculaire sévit en cette fin Aout et se retrouver dans le blizzard, les tempêtes de neige ou le brouillard par - 40° , voire -50° laisse songeur et non pas envieux . Mais je m'éloigne ... Je n'ai pas réussi à participer à  cette traque à l'homme, un inconnu , baptisé Jones, qui par une dénonciation arbitraire   d'un indien  , un loucheux, à la gendarmerie royale puis par la maladresse d'un jeune gendarme qu'il blesse , se retrouve poursuivi par une troupe d'hommes, leurs 70 chiens bientôt aidés par un avion.

On ne sait pas d'où vient ce fameux Jones , en tout cas pas d'Indiana mais c'est un homme rusé, déterminé et endurant qui va faire courir les gendarmes pendant 6 semaines.

Qu'est ce qui fait que la poursuite en milieu hostile avec des températures mettant en danger la vie des hommes et des chiens dure si longtemps ?

Chez les chefs, en particulier Walker déterminé à arrêter cet homme , on comprend que c'est leur passé de soldats lors de la première guerre mondiale avec tous les morts qu'ils ont côtoyé et en tant que gradé ,leurs hommes qu'ils ont laissé sur le terrain .

"Je suis resté le plus gradé, , adjudant que j'étais, et sur une quinzaine d'hommes, je n'ai pu en ramener que deux. De ce jour je me suis juré une chose : mes hommes d'abord."

Ambiguïté dans cette situation où un seul homme représente l'ennemi mais il a tué et cela ramène Walker à ses mauvais souvenirs.

Pour ceux qui sont sous ses ordres, c'est l'excitation de la chasse , accentuée par les beuveries lors des soirées en bivouac , cela devient une meute mais contrairement à celle des loups qui ne sont jamais loin de leur piste, ils n'obéissent plus au chef avec comme but la vengeance, le sang dans une hallali boréale.

On perçoit dans les propos de Ian Manook un certain parallèle avec notre époque actuelle où les limites de la sauvagerie sont parfois difficiles à contrôler...

Bien sûr, au fil des jours , certains hommes et heureusement, se confrontent à leurs actes, à leurs passé et à leur conscience et abandonnent la poursuite .

Un récit que j'ai trouvé souvent trop ressemblant à un compte-rendu d'opérations de terrain .

Heureusement le médecin qui suit ces gendarmes et ces trappeurs décrit les rares animaux rencontrés dans ces paysages hostiles , luttant pour leur vie, proie et prédateur parfois les mêmes à la fois .

Les personnages féminins sont peu présents mais ils essaient d'exister , des femmes qui attendent le retour de leurs maris telles des femmes de pêcheurs ...

J'aurai au moins appris ce qu'était un ravage dans ce pays glacé . Ce livre est bien loin de mes romans préférés de Ian Manook , mais ce n'est pas grave, j'attendrai le prochain avec la même impatience .

 

 

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18 août 2023 5 18 /08 /août /2023 10:49
Un été prodigue de Barbara Kingsolver

Dans les Appalaches, 3 femmes aux différents âges de la vie partagent ce récit à tour de rôle .

Les prédateurs avec Deanna qui vit isolée dans une cabane . Elle travaille pour l'Office des forêts. Lorsque le récit commence, elle scrute un terrier où elle pense qu'une famille de coyotes vient de s'implanter. Son observation est interrompue par l'arrivée d'un jeune chasseur qu'elle soupçonne de poursuivre les coyotes considérés comme animaux nuisibles par les éleveurs du coin.

Un amour de papillon de nuit avec Lusa , qui a délaissé la ville et ses travaux universitaires sur les insectes pour épouser Cole Wildener, fermier . Seulement Cole meurt accidentellement et elle doit affronter les sœurs de Cole, hostiles à ce qu'elle reste maintenant dans la ferme familiale.

Les  châtaigniers d'autrefois avec Nannie, une vieille femme qui est productrice de pommes et s'oppose à son voisin Garnett Walker et à ses méthodes radicales car il emploie des pesticides. Pourtant , il tente de trouver une espèce de châtaignier résistant à la maladie qui a décimé la plupart des arbres de la région , les autres ayant été abattu en suivant .

À tour de rôle, le lecteur suit les péripéties de ces femmes courageuses , l'histoire des unes et des autres qui va se chevaucher bien entendu débute au printemps au moment où la nature explose :

"Mais là, maintenant, le printemps s'animait en pleine période de lascivité. Partout où le regard se posait, on essayait de gagner du temps, de la lumière, de profiter du baiser d'un pollen, de l'union du spermatoïde et de l’œuf, d'une seconde chance "

Un récit empreint de désir et d'amour !

C'est surtout l'occasion pour Barbara Kingsolver  de parler d'écologie , ses personnages féminins sont toutes en lutte contre les pratiques actuelles : pesticides, éradication des soit-disant nuisibles , cultures intensives , élevages extensifs, abattage massif d'arbres . Elles rusent d'ingéniosité pour s'opposer aux hommes .

Certains, heureusement, sont sensibles à leur discours et ce n'est pas un combat hommes-femmes , la sensibilité est dans les deux camps jeunes ou vieux mais les chasseurs restent des chasseurs ...

Si ces femmes entrainent la sympathie avec les épreuves qu'elles surmontent,  leur courage, leur inventivité et leur grand cœur, j'ai trouvé le récit par moment assez poussif et les propos concernant la nature parfois un peu trop didactiques , mais ce livre a été publié en 2004.

J'ai aimé par contre les nombreuses descriptions d'oiseaux , les observations des papillons , la patiente recherche des petits coyotes comme gage de renouveau. Il faut y croire !

Saluons la fin de ce récit:

"L'homme a l'arrogance de se croire seul. Chaque pas silencieux résonne comme le tonnerre dans la vie souterraine des insectes, une secousse sur un fil impalpable de la toile qui attire partenaire à partenaire et prédateur à sa proie, un commencement ou une fin. Tout choix offre un monde neuf à l'élu. "

 

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