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16 mai 2023 2 16 /05 /mai /2023 11:17
Un ciel si vaste de Sue Hubbard

Encore un chapitre de l'Histoire lors de la deuxième guerre mondiale qui m'était inconnu avec en 1939, l'évacuation d'enfants  anglais , en particulier londoniens , conseillée par le gouvernement devant la crainte de bombardements.

C'est ainsi que Freda , 12 ans quitte sa mère et sa grand-mère pour être accueillie dans une famille habitant dans "The Fens" , une région à l'est de l'Angleterre, marécageuse et agricole .

Accueillie est d'ailleurs un mauvais mot car la jeune fille va être corvéable à merci, mal nourrie, maltraitée et pire . Elle n'ose pas se confier dans les lettres qu'elle envoie à sa mère ni à ceux qu'elle rencontre les rares fois où elle va à l'école.

À la même époque, Philip est un jeune homme de classe aisée, traumatisé  enfant , par la mort "en service" de son père officier et qui choisit d'être objecteur de conscience. Il part au hasard de vagues souvenirs dans cette région où l'on a besoin de bras pour le travail des champs et loge dans un phare abandonné. C'est un homme torturé, dépressif , en quête permanente d'un sens à sa vie avec plusieurs élans vite brisés.

Ce qui est remarquable dans ce coin d'Angleterre peu attirant,  ce sont les oiseaux, les oiseaux migrateurs comme les oies, les oiseaux des marais et du bord de mer. C'est grâce à la découverte d'une jeune oie blessée que Freda va faire la connaissance de Philip . L'un et l'autre vont aussi s'apprivoiser et créer des liens d'amitié et même si ces liens restent ténus , cela leur permet de supporter leur solitude jusqu'au point de rupture.

La guerre reste omniprésente dans le récit et la description finale de Dunkerque est terrible .

La détresse de Freda et le mal-être de Philip rendent ce récit poignant   mais il m' a manqué quelque chose pour que j'apprécie vraiment ce roman, sans doute son style, un peu maladroit surtout au début qui a fait que je suis restée assez à distance , dommage .

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15 mai 2023 1 15 /05 /mai /2023 10:20
Le cimetière de la mer de Aslak Nore

Dès le début du récit le lecteur est happé par le prologue dont l'action se déroule au Liban en 1982 mettant en scène Hans Falk, un médecin humanitaire norvégien. Transportant,  caché dans un sac , un nouveau né , il réussit à sortir du camp de Chatilla au moment des massacres  . C'est d'emblée fort en émotions !

Ce roman nous entraine donc , à la fois sur plusieurs scènes de conflits actuels ou passés , dans divers pays et à différentes époques.

Le suicide de la grand-mère de la famille Falk , Vera Lindt marque le début de l'histoire . On apprend vite qu'elle a survécu avec son bébé , Olav , au naufrage de l'Express côtier, le DS Princess Raghnhild qui a sauté sur une mine en Octobre 1940 . Son mari Thor Falk , lui , faisait partie des victimes .

Cette famille  de Norvège possède  une branche puissante avec Olav, devenu le patriarche qui règne  sur son empire , SAGA , et père de trois enfants dont l'ainée Sasha , une jeune femme qui était proche de sa grand-mère Vera .

L'autre branche , dont fait partie Hans Falk est considérée comme la ratée .

Vera était écrivaine mais elle a arrêté d'écrire en 1970 lorsque voulant publier un livre, Le cimetière de la mer , donnant sa version du naufrage , son manuscrit a été confisqué .

Intervient également, John Omar Berg, un ancien militaire devenu  journaliste de guerre qui rentre du Kurdistan après avoir été emprisonné comme terroriste islamique et qui est approché par Hans Flak pour écrire sa biographie.

Tout cela peut paraitre complexe mais l'engrenage entre les personnages, les époques et les événements se met en place sans difficulté pour le lecteur qui a hâte de connaitre la vérité , le récit est parfaitement construit.

Ce sont Sasha et JO Berg que l'on suit principalement à la recherche des documents concernant la période de la seconde guerre mondiale, le rôle de certains norvégiens lors de l'occupation allemande et les vraies causes du naufrage de l'Express côtier ainsi que les dessous de la confiscation du manuscrit de Vera . Tout cela remet en cause l'histoire familiale et l'histoire nationale et n'est pas, bien sur, du gout de tout le monde, à commencer par Slav.

Il faudra attendre la toute fin du roman après des revirements  inattendus pour connaitre la vérité .

La sentence de Vera : La vérité ou la loyauté prend alors tout son sens  et c'est un des thèmes de ce roman .

Le lecteur n'est pas obligé de choisir la même option mais son rôle n'étant que passif, il ne peut que constater , avec une certaine déception pour moi, le chemin pris par ceux avec qui il avait sympathisé au cours de sa lecture ...

C'est un excellent moment de lecture , l'auteur connait bien les pays du Moyen Orient et de l'Afghanistan qu'il a parcourus en tant que journaliste .

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3 mai 2023 3 03 /05 /mai /2023 15:11
Les vivants et les autres de José Eduardo Agualusa

Mozambique, c'est comme Zanzibar ou Samarcande , des noms qui font rêver, des images de paysages paradisiaques ou de destinations un peu mystérieuses .

Et dans ce roman, c'est vrai que le lecteur part en voyage, mais pas forcément sur la plage ensoleillée, coquillages et crustacés ...

Daniel, journaliste puis écrivain a posé ses bagages , il y a quelques années , dans l'île de Mozambique avec Moira , sa femme originaire de ce lieu et au moment où l'action se déroule va bientôt accoucher .

Elle a organisé une rencontre littéraire d'écrivains africains qui doivent débattre autour des thèmes de la création littéraire et de l' Afrique.

Au début de leur séjour, les rivalités, les  jalousies voire les inimitiés pointent sous une apparence affable et voilée .

On discute de poésie, d'inspiration , parfois défaillante, mais cela personne ne l'avoue, de l'art d'écrire ...

"nous sommes des écrivains. Notre travail consiste à absorber la lumière, comme les plantes . À transformer la lumière en matière vivante. Est-ce que tu arrives à écrire sans commencer par t'enchanter? "

On débat de la grande question sur ce que doit représenter la littérature africaine et comment est perçu un écrivain africain :

"Les européens commencent à accepter qu'un écrivain africain ait le droit de sortir de sa case et qu'il se promène dans le monde , comme n'importe qui d'autre. En même temps, s'il a envie de s'occuper des lions, pourquoi pas "

Lorsqu'ils se retrouvent seuls, certains font des rencontres improbables, des personnes que l'on croyait disparues, des parents morts depuis longtemps et quand la tempête arrive et que l'île se retrouve isolée du monde, ce type d' événements va croissant, et les écrivains sont confrontés à leurs créatures de papier.

Plus de téléphone, plus d'internet, plus aucune entrée sur l'île et un nuage noir occupe l'horizon.

Cela dure 5 jours où chacun s’inquiète, s'échauffe ou s'interroge sur son devenir , en tout cas le phénomène déclenche des réactions et une modification indéniable .

Certaines pages de ce roman m'ont beaucoup plu, je ne m'étais pas posé la question sur ce qu'est un écrivain africain , en fait , je pense que tout dépend comment il se présente et ce qu'il revendique, il en est de même pour chaque auteur de n'importe quel pays . Je n'ai jamais imaginé que l'on doive ce cantonner à son environnement et les exemples de diversité sont nombreux , heureusement.

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29 avril 2023 6 29 /04 /avril /2023 15:24
Après l'orage de Selva Almada

Sur une route désertique au nord de l'Argentine, dans un paysage saturé de chaleur, le Révérend Pearson et sa fille Leni tombent en panne et se retrouvent dans un garage paumé où El Gringo leur promet une réparation rapide . Il est secondé par un jeune homme, Tapioca , 16 ans comme Leni.

Les heures passent,  lentes pour les deux naufragés de la route, plus délicates que prévues pour le garagiste et intrigantes pour Tapioca qui n'est jamais sorti de ce trou depuis son enfance et observe ces étrangers , une proie facile pour le Révérend qui voit dans le jeune homme une version pure de ce qu'il aurait pu être ...

L'ambiance devient peu à peu plus tendue, comme cette atmosphère particulière que l'on ressent avant l'orage , un silence trompeur avant l'intempérie qui éclate comme les tensions humaines.

Une fin qui m'a surprise et qui laisse le lecteur sur sa faim.

Drôle de roman pour une drôle d'ambiance ...

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28 avril 2023 5 28 /04 /avril /2023 16:53
Dans la main du diable de Anne-Marie Garat

La récupération tardive de la malle d'Endre au ministère de la Guerre en cet automne 1913 ravive le chagrin de deux femmes d'origine hongroise, Agota la mère d'Endre et Gabrielle , une jeune orpheline élevée par Agota et qui était tombée amoureuse du jeune homme  avant qu'il ne parte pour une mission scientifique en Birmanie, cinq ans auparavant et dont il ne reviendra pas.

C'est dans ce bureau du ministère que Gabrielle fait la connaissance d'un jeune fonctionnaire, Michel Terrier, qui devant la détresse de la jeune femme lui propose son aide pour tenter d'élucider cette mort en lui trouvant une place d'institutrice auprès de la famille de Pierre Gallay, un médecin chercheur à l'Institut Pasteur, spécialisé dans les maladies tropicales et qui faisait partie de l'expédition birmane .

Gabrielle, sans véritables recommandations se fait embaucher grâce à son aplomb et son courage, par Mme Mathilde, la patronne de l'entreprise de biscuiterie Bertin-Gallay et mère, entre autre de Pierre. Gabrielle devra s'occuper de Millie, la petite fille de Pierre et qui a perdu sa mère à sa naissance.

S'ensuivent de nombreuses aventures, rebondissements , dans ce roman qui ne compte pas moins de 1300 pages. Heureusement, le rythme est entrainant d'emblée et plusieurs histoires se superposent.

C'est tout d'abord une histoire d'amour , le premier amour de jeunesse, celui de Gabrielle pour Endre et qui devient un mausolée au souvenir de l'homme dont elle espère trouver l'ultime message . Cette passion juvénile au fur et à mesure des événements se transforme , la jeune fille devenue femme s'interroge et ouvre les yeux .

Bien sûr, le récit est occupé par l'enquête  de Gabrielle  , non seulement à la demande de Terrier mais aussi à son insu , aidée par son amie, l'exubérante Dora .Ses recherches vont l'entrainer vers des affaires sensibles et avec des méandres qui les mettent en danger et condamnent à la mort certaines personnes  qu'elles côtoient sans soupçonner les secrets qu'elles secouent .

On suit également les histoires de la famille Bertin-Gallay , celles des deux filles Blanche et Sophie aux caractères si différents, avec pour Sophie le refus du statut de la femme jusque là imposé

" Sophie avait été une de ces jeunes filles de bonnes familles , un pur produit du redoutable système social auquel Gabrielle , par les accidents de son histoire , avait échappé.Son front pur, ses yeux confiants, sa bouche candide, tout en elle évoquait les créatures élevées en serre et condamnées au mirifique mariage , ce mirage dont toute leur jeunesse avait été bercée, et qui se réveillaient dans la désillusion, partagées entre résignation et désespoir "

, l'histoire de Pierre bien entendu et celle de Daniel qui se lance dans l'aventure cinématographique.

Nous assistons aux premiers mouvements sociaux de l'usine, tenue jusque là par la main de fer de Mme Mathilde, mais celle-ci vieillit et se sent dépassée par l'évolution des mentalités ,  et les progrès à envisager  pour la rentabilité de l'entreprise. J'ai eu par moment l'impression de me retrouver dans un roman de Pierre Lemaître avec la saga de la famille Pelletier.

Les différents milieux sont disséqués  que ce soit ceux de la bourgeoisie , ancrée dans le conformisme comme Blanche , incapable de voir bouger la société et à l'opposé , les bas-fonds de Paris où la misère règne  et les milieux révolutionnaires.

Gabrielle vit avec Millie dans la maison de campagne avec le personnel de Mme Mathilde, des femmes et des hommes attachants, aimant leur tâche au service de la patronne et qui prennent sous leurs ailes la jeune femme. Une vision à l'ancienne de cette bourgeoisie qui va être secouée , comme le reste du monde par les rumeurs de la guerre puis sa déclaration l'été 1914 .

On ne s'ennuie pas tout au long des pages, j'ai juste ressentie une certaine envie d'en finir en dépassant le millier de pages ...

La quatrième de couverture ne reflète pas vraiment  la teneur du roman, même si elle ne ment pas , Gabrielle n'est pas l'aventurière franchissant les continents comme cela peut être compris , il n'y a pas d'ailleurs besoin d'aller bien loin pour la trouver cette aventure !

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20 avril 2023 4 20 /04 /avril /2023 21:12
Les trois lumières de Claire Keegan

Une fillette est déposée par son père , un jour d'été , chez les Kinsella dans une ferme irlandaise pour soulager sa mère qui attend un bébé .

Elle ne connait pas sa tante , la sœur de sa mère ni son oncle, elle est fort intimidée, et demeure sur la réserve. En participant  aux  activités de la ferme , elle se familiarise avec ces gens peu démonstratifs mais attentionnés et affectueux et un véritable lien de complicité se noue d'abord avec Edna puis avec Kinsela .

"Ses mains ressemblent aux mains de ma mère mais il y a autre chose en elles, une chose que je n'ai jamais sentie avant et pour laquelle je n'ai pas de nom. Les mots me manquent terriblement mais c'est un nouvel endroit, et des mots nouveaux sont nécessaires".

On sent que ce couple a vécu un drame et il est simple d'imaginer lequel, ce n'est pas la finalité de ce court roman . L'éveil à la tendresse filiale, à l'attention aux autres et à la beauté de la nature généreuse de cette région d'Irlande est le thème de cette histoire . La fillette a appris à donner de soi, à recevoir et à profiter des moments heureux que la vie vous offre.

 

Une jolie histoire, émouvante que nous offre Claire Keegan et comme dans Ce genre de petites choses que j'avais déjà lu d'elle, j'ai trouvé ce texte trop court même si l'essentiel est dit et que l'émotion est au rendez-vous.

"tu n'es pas toujours obligée de dire quelque chose. Pense que la parole n'est une nécessité en aucune circonstance. Nombre de gens ont beaucoup perdu pour la seule raison qu'ils ont manqué une belle occasion de se taire."
 
 

Lu avant d'aller voir le film inspiré de ce roman, A  quiet girl

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14 avril 2023 5 14 /04 /avril /2023 18:10
L'île de Yule de Johana Gustawsson

Voila un roman qui m'a séduite d'emblée ...

Une jeune femme, Emma Lindhal , travaillant pour une grande maison d'expertise d'art , a accepté d'aller faire l'inventaire des objets précieux de la famille Gussman dans leur manoir sur une petite île au large de Stockholm .

L'accueil du maitre des lieux est glacial, les conditions d'accès très précises et strictes mais Emma trouve du réconfort dans la gentillesse des habitants de l'ile .

Cette ile a été le lieu d'un drame 9 ans plus tôt et le roman commence par cette scène avec la découverte d'une jeune fille pendue après avoir été assassinée à un arbre du parc du manoir.

Pendant le séjour d'Emma, une autre jeune fille est également retrouvée morte avec des similitudes par rapport au premier meurtre .

Le même policier, Karl,  est chargé de l'enquête.

Plus que l'intrigue elle même , c'est la capacité de l'auteur à décrire l'ambiance des différents lieux et de ces paysages scandinaves ,  à faire vivre ses personnages, en alternant les récits des uns et des autres ainsi que les époques ,  à créer une atmosphère angoissante que j'ai trouvé bien vue . Emma , comme Karl sont des personnages fragiles, complexes . J'ai bien aimé également , comme le titre le laissait présumer les incursions dans les rites païens nordiques. 

Par contre, j'ai retiré une étoile car j'ai été un tantinet perplexe sur certains aspects du dénouement car si on ne connait jamais vraiment complétement les personnes avec qui on vit, il y a certains éléments de leur personnalité qu'on ne peut pas totalement cacher ... Mais je suis sans doute une grande naïve !

Premier roman que je lis de Johana Gustawsson et je vais faire un petit voyage vers  ses précédents livres.

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4 avril 2023 2 04 /04 /avril /2023 11:14
La petite-fille de Bernhard Schlink

Après une courte hésitation au tout début du roman, j'ai été happée par les thèmes abordés par l'auteur allemand .

Après le décès de sa femme Birgit, Kaspar découvre un écrit d'elle relatant les années commençant juste avant sa rencontre avec Kaspar jusqu'à ses derniers jours .

Birgit a grandi en RDA et a accepté de suivre Kaspar en Allemagne de l'Ouest en 1965 , entretemps , elle met au monde une fille dont le père n'est pas Kaspar et qu'elle abandonne à la naissance avant de fuir son pays .

L'abandon de son enfant et la fuite de son pays natal sont pour Birgit un fardeau qui jamais ne la quittera et dont elle ne parlera pas à Kaspar .

On se rend compte en lisant son texte , que les allemands de l'Est étaient  attachés à leur pays et que  si la réunification de l'Allemagne est considérée comme un bienfait pour ces gens opprimés , ils y ont perdu, pour certains, une forme de stabilité et de sécurité dans l'absence même de libertés, une vie réglée sans anicroche ...

C'est difficile à admettre pour nous qui n'avons pas vécu directement cet événement , il y a eu en plus  , et je ne suis pas sûre que cela perdure encore à notre époque , une discrimination entre allemands, ceux de l'Est étant moins bien considérés que les autres .

Une différence vécue par Birgit et une certaine nostalgie de son existence antérieure qu'elle va mal supporter , accentuée par le remords et la honte d'avoir abandonné son enfant . L’impossibilité de se confier à l'homme qui l'aime la conduit à une impasse et la découverte choquante de cette vérité va profondément affliger Kaspar.

Il décide donc de quitter Berlin et sa librairie pour partir à la recherche de la fille de Birgit. Il finit par la retrouver , en ex RDA dans une communauté de militants d’extrême droite, nostalgiques du troisième Reich, elle est mariée et a une fille de 14 ans Sigrun, élevée dans la discipline imposée d'abord par son père.

Kaspar, avec beaucoup de diplomatie obtient d'accueillir Sigrun pendant les vacances.

La confrontation entre cette adolescente pétrie dans la doctrine néonazie et  son grand-père est également passionnante car Kaspar est un homme sensible, tolérant et intelligent , il n'affronte pas les principes inculpés à Sigrun, il ne juge pas ,  il lui fait découvrir la musique, la pratique du piano et les concerts , la littérature , la peinture , le monde en général sans la heurter , en y allant patiemment , en lui montrant une autre vision  de la vie, une autre version de l'Histoire ... Ce n'est pas de la part de l'auteur un procès abrupt contre l’extrême droite, en particulier le mouvement Völkisch,  mais il m'a fait découvrir cette face sombre de l'Allemagne et qui si elle n'est pas propre à ce pays , est profondément ancrée et active.

Les relations qui se créent entre Kaspar , le grand-père et Sigrun, l'adolescente sont fortes et belles donnant un récit lumineux malgré la noirceur qui menace la jeune fille .

Un excellent roman qui m'a ouvert les yeux sur ce pays voisin et certains de ses démons mais également qui met en avant une belle personne .

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1 avril 2023 6 01 /04 /avril /2023 11:54
L'ancien calendrier d'un amour de Andreï Makine

La rencontre fortuite dans un cimetière de Nice du narrateur avec un vieil homme fatigué ouvre grand la porte à un récit concis de la vie de cet homme, Valdas né à la fin du XIX eme siècle en Russie sous le règne de son dernier tsar.

Si les premières années de Valdas se déroulent dans la nonchalance d'une famille aisée avec chaque année des séjours en Crimée qui l'auront marqué par leur opulence , la liberté feinte ou pas des adultes et par le rayonnement de sa jeune belle-mère , c'est aussi pour l'adolescent la découverte d'un monde clandestin et la rencontre avec Taïa, une jeune femme contrebandière qui va graver son nom dans le cœur du garçon.

Bien sûr, Valdas va être transporté dans le tourbillon de l'Histoire mouvementée de la Russie qui ne l'épargnera pas et comme beaucoup de ses compatriotes après avoir été soldat dans l'Armée Blanche, il émigre en France .

Andreï Makine a l'art de conter une vie riche en événements en  si peu de pages sans que le lecteur ait une impression de survol.

Le choix du titre avec ce que représente cet ancien calendrier julien abandonné au profit du calendrier grégorien en 1918 par les bolchéviques représente aussi en même temps que la perte de 13 jours , la perte de l'enfance, de l'insouciance et de l'amour , un deuil qui va poursuivre Valdas toute son existence .

Beau roman servi par l'écriture admirable comme d'habitude d'Andreï Makine

 

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27 mars 2023 1 27 /03 /mars /2023 17:26
Le fils de l'homme

Le prologue frappe  les esprits ...

Un groupe d'hominidés à l'époque préhistorique doit pour survivre et assurer sa descendance trouver de la nourriture et se protéger du froid, naissances , reproductions et morts .

Le lecteur assiste à une émouvante scène de chasse  , moment crucial d’initiation d'un jeune garçon guidé par son père .

Quelques siècles plus tard :

Le fils, dont on ne connaitra pas le prénom, jeune garçon de 9 ans vit seul avec sa mère, leur relation est fusionnelle et l'enfant mène une existence tranquille et heureuse.

Un jour , en rentrant de l'école, un homme attend devant le portillon de la maison, c'est le père, parti depuis 6 ans . L'enfant n'a pas vraiment de souvenirs de lui mais comprend vite que sa vie va changer radicalement.

Sa mère et lui sont loin d'imaginer que 3 semaines plus tard, le père va les emmener dans une masure à moitié en ruines , isolée dans la montagne . C'est là qu'il a vécu avec son père, un homme devenu irascible après la perte de sa femme et un accident qui l'a rendu infirme.

Si le fils découvre avec joie, émerveillement souvent mêlée d'appréhension , sa nouvelle liberté dans ce coin de montagne sauvage qui lui réserve des rencontres étonnantes, la cohabitation avec l'homme est difficile et il voit bien la peur que l'homme inspire à sa mère .

L'histoire fait des allers-retours entre la nouvelle vie dans ce coin paumé, les semaines qui ont suivi le retour du père puis, en fin du roman les événements bien antérieurs qui ont marqué la vie de l'homme et de son père.

Une histoire de transmission entre père et fils qui entraine la question de la reproductibilité de la violence : terrible constat dont on ne pourrait échapper et qui bien souvent est une réalité ou émergence d'une autre conscience , forgée par l'amour maternel , par la fréquentation d'autres hommes et qui vient casser le cercle vicieux ?

L'écriture de Jean Baptiste Del Amo , que je ne connaissais pas est saisissante aussi bien dans la profondeur des sentiments ou de ce qu'il suggère que dans la description de la montagne à la fois source de bonheur et de drame .

En peu de mots il réussit à créer une ambiance pesante où l'on sait que d'une façon ou d'une autre cela va mal finir , on est bien éloigné de la "filgoude "littérature !

J'avais évité de lire Règne animal et au vu de la perturbation que cette lecture ci a déclenché chez moi, je vais continuer de m'abstenir , cette histoire va me poursuivre longtemps je pense ...

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