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6 février 2016 6 06 /02 /février /2016 12:19
Les couleurs de l'espoir de Julie Kibler

Un duo improbable que celui formé par Isabelle, une vieille dame de 90 ans, un peu irascible et Dorrie sa coiffeuse, une jeune femme noire : je reste au début du roman un peu sur la réserve car les contrastes sont souvent assez caricaturaux mais Julie Kibler construit de façon très habile son roman en alternant les récits des deux femmes à deux époques différentes .

Isabelle, veuve depuis longtemps demande à Dorrie de l'accompagner pour un long périple en voiture jusqu'à Cincinnati où la vieille dame doit assister à des obsèques.

Au cours du voyage, les deux femmes se racontent , Isabelle au passé et Dorrie au présent et au fur et à mesure de leurs confidences parfois difficiles à exprimer, on rentre au coeur de l'intime et du bouleversant :

Isabelle, jeune fille de bonne famille tombe amoureuse du fils de sa gouvernante noire dans les années 40 à une époque où la ségrégation était encore très tenace et où toutes les déviations de comportement étaient durement réprimées pour les noirs bien entendu mais aussi pour les blancs s'ils dépassaient les limites imposées, c'est ce qu'on observe aussi dans Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur lors que Atticus défend un noir et dans La couleur des sentiments lorsque Miss Sketer prend le parti des bonnes ...Donc pour Isabelle cet amour interdit ne peut que finir tragiquement.

La vie de Dorris au quotidien , est semée de difficultés, élevant seule ses deux enfants dont son fils ado qui frise la délinquance , la jeune femme a pourtant bien menée sa barque créant son propre salon de coiffure mais sa vie sentimentale a été jonchée d'échecs et elle n'ose plus faire confiance aux hommes qu'elle rencontre.

La route s'arrête devant une maison en deuil et Dorris découvre, autant stupéfaite que le lecteur , pour honorer quel défunt , Isabelle a fait tout ce trajet ; les larmes ont bien gêné la fin de ma lecture...

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5 février 2016 5 05 /02 /février /2016 18:15
Azami de Aki Shimazaki

Quand j'ai envie de m'évader entre deux lectures éprouvantes, je pars au Japon .

Pas besoin de carte d'embarquement mais un petit roman d' Aki Shimazaki ou de Yoko Ogawa, par exemple pour passer quelques instants sereins .

L'azami est une fleur de chardon, celle de la belle couverture du livre et celle d'une comptine dont les douces paroles reviennent comme une ritournelle.

Mitsuo Kjawano , trentenaire , mêne une vie tranquille avec sa femme , calme jusqu'à l'absence de vie sexuelle, le désir entre eux a disparu .

La rencontre fortuite avec Mitsuko, une ancienne camarade de classe et qui fut son premier amour tourne chez Mitsuo à l'obsession puis à la relation adultère passionnée jusqu'à ce que sa femme découvre sa trahison .

Sur un ton feutré, par petites touches comme le pinceau d'une aquarelle , Aki Shimazaki dépeint des sentiments beaucoup plus puissants, dévastateurs .

Ce très court livre s'arrête presque brutalement, comme à la fin d'un chapitre, ce qui est un peu le cas car il est suivi d'autres opus, c'est fort dommage et laisse le lecteur vraiment frustré !

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1 février 2016 1 01 /02 /février /2016 12:11
Pêcheurs d'Islande de Pierre Loti

Après ma visite fort instructive du musée maritime du Old Harbour de Reykjavik , cette lecture m'a parue évidente dans la continuité de l'émotion de la découverte ( ou redécouverte ) de ces pêcheurs de morue, hommes courageux à la vie si dure .

Dans l'ouvrage de Pierre Loti, les Islandais , comme ils étaient surnommés , sont les pêcheurs bretons qui partaient sur les côtes d'Islande pendant plusieurs mois pour cette fameuse pêche à la morue .

Et parce que leurs pères avant eux prenaient la mer, Yann et Sylvestre, presque beaux-frères par les liens qui unissent Sylvestre à la soeur de Yann sont deux de ces marins qui quittent les côtes bretonnes pour affronter la Mer du Nord .

Roman sur la mer, parce que c'est elle qui décide de la vie et de la mort, elle donne et elle reprend , elle est amante, elle est cercueil .

Roman sur l'amour, pudique toujours, impossible parfois, parce que les conventions sociales sont tenaces dans la Bretagne de la fin du XIX ème siècle mais Gaud aime Yann même s'il ne le montre pas et qu'il la regarde aussi .

Roman sur les femmes, les mères , les épouses et les fiancées, celles qui attendent le retour des bateaux , fières et courageuses bretonnes .

Roman sur l'amitié comme celle qui unit Yann et Sylvestre, pas besoin de beaucoup de mots ni d'effusions, ce sont des taiseux mais les sentiments sont forts et beaux.

J' ai trouvé autre chose dans ce roman que ce que j'y étais venue chercher mais peu importe , l'écriture de Pierre Loti est admirable .

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29 janvier 2016 5 29 /01 /janvier /2016 15:11
Le cercle de Bernard Minier

Bernard Minier a l'art de balader son lecteur l'entrainant sur des chemins bien détournés et cela rend ce roman palpitant à chaque moment, aucun répit pendant ces quelques 800 pages ...

On retrouve dans ce deuxième tome après la bombe Glacé , le Commandant Martin Servaz, flic à Toulouse .

Il est appelé à la rescousse par son grand amour de jeunesse Marianne lorsque Hugo, le fils de cette dernière est découvert sur les lieux du meurtre d'une jeune professeur Claire .

Martin se rend alors à Marsac, petite ville universitaire du Sud-Ouest où sa fille Margot vient d'intégrer une prépa , suivant les traces de son père .

Un CD de Mahler met tous les sens du flic en alerte le ramenant deux ans en arrière lors de sa rencontre avec Julian Hitrmann, le psychopathe en fuite .

On tremble, on suppute, on échafaude et tout s'écroule à la page suivante ; on rit aussi car il y a de l'humour plutôt grinçant, des références pas déguisées à des événements politiques récents. Martin Servaz n'aime pas le foot : en pleine coupe du monde, c'est dur pour lui ; il n'aime pas le sport, là il va être gâté et Bernard Minier le laisse bien mal en point à la fin du roman ...

J'ai du me précipiter chez mon libraire préféré pour acquérir le suivant, question de survie !

J'ai retrouvé aussi certains personnages de l'ouvrage précédent avec plaisir comme la gendarmette Ziegler , avec" des culottes des bottes de moto ,un blouson de cuir noir avec un aigle dans le dos ".

​Finalement pas besoin de partir dans des contrées lointaines pour trouver un excellent polar .

Il a perdu in extremis sa cinquième étoile lors du dénouement de l'intrigue comme si l'auteur avait hâte d'en finir avec un dénouement que je n'ai pas trouvé à la hauteur du reste , dommage ...

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27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 21:59
Le Temps de la Sorcière d'Arni Thorarinsonn

Il est illusoire de vouloir connaitre la culture d'un pays en ne lisant que des romans policiers actuels...

Après avoir abandonné Erlendur, le héros d'Arnaldur Indridason toujours torturé par les fantômes du passé, je change d'auteur et me voilà avec Eilar, un journaliste qui est muté à cause de son penchant pour l'alcool dans une petite ville du Nord de l'Islande , Akureyri .

Nouvellement sobre donc, en couple avec une perruche , Einar cherche le bon article, celui qui le fera peut-être revenir en grâce à la capitale , et il se penche sur deux faits divers : la mort accidentelle de la femme du patron d'une petite boite lors d'une sortie "aventure " avec les salariés de l'entreprise et la disparition mystérieuse d'un brillant étudiant à la veille de la représentation d'une pièce intitulée Loftur le sorcier et dont il tenait le rôle principal.

C'est très lent , l'action ne débute vraiment qu'après une centaine de pages et même si on sent toujours le poids de la tradition qui demeure ancrée dans la mémoire des Islandais , c'est surtout , et ce, malgré l'éloignement de l'ile et la taille réduite de sa population , les problèmes de la mondialisation avec une certaine perte d'identité, l'arrivée d'immigrés, la drogue et la futilité de l'immédiateté qui domine dans ce roman.

Mieux vaut pour s'imprégner de l' ambiance d'un pays se plonger dans ses racines plus anciennes et j'ai été beaucoup plus emballée par des romans comme la Tristesse de l'Ange de Stefansson , Karitas de K M Baldusdottir et La Lettre à Helga de B Birgisson où , dans ces histoires centrées sur la vie des marins ou des paysans d'autrefois j'ai vraiment ressentie la magie de ce pays et la forte empreinte de sa culture , d'ailleurs les Islandais que l'on croise actuellement sont fiers de leurs origines : ils ont raison , c'est un très beau pays au riche passé !

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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 09:39
Les nuits de Reykjavik de Arnaldur Indridason

Quoi de mieux, me dis-je, que ce roman pour m'initier à la vie nocturne de la capitale islandaise avant d'y débarquer moi-même dans quelques jours ?

Prenons comme guide ce jeune Erlendur, il vient de rentrer dans la Police de proximité , on remarque au passage que ce pays a un effet rajeunissant, chic c'est mieux qu'un séjour en Thalasso , car j'ai connu Erlendur dans de précédentes aventures avec beaucoup plus d'heures de vol ...

Première étape de la visite, d'anciennes tourbières devenues terrain de jeu pour les gosses du quartier , n'hésitez pas à approcher et vous verrez l'anorak vert qui flotte, et oui vous avez raison ma p'tite dame , c'est Hannibal le clochard que l'on a découvert noyé .

Remontez dans le bus, je vous prie , pour un petit tour par les foyers de SDF , les caves insalubres ou les sorties de bar du samedi soir, sans oublier les accidents de la route et les cambriolages ...

Ah bon, alors finalement ça ressemble à chez nous avec son lot de laissés pour compte, les trafics de drogue, la violence conjugale et les beuveries ?

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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 16:36
Juste avant l'oubli d'Alice Zeniter

Un petit voyage aux Hebrides, ça ne se refuse pas quand on fait référence à Peter May et sa trilogie écossaise , là on ne voyage plus en classe thriller mais dans une fiction autour d'un écrivain de polar Galwin Donelli mystérieusement noyé sur l'ile qu'il avait élue pour se retirer de la fureur du monde littéraire .

Un congrès annuel y est organisé par les adorateurs du Maitre et c'est là que Franck, infirmier rejoint sa compagne Emilie qui prépare une thèse sur Donell et y travaille depuis plusieurs semaines sur l'ile .

Totalement étranger au microcosme littéraire qui grouille autour de conférences d'auto-satisfaction et de banquets bien arrosés, Franck découvre le visage sauvage de l'ile avec le gardien, un homme taiseux et doit bien se rendre à l'évidence que le couple qu'il forme avec Emilie est à l'agonie .

Certes, Alice Zeniter écrit bien, mais on s'ennuie un peu surtout lors des nombreux passages sur la vie et l'oeuvre de Galwin Donell, pour moi ce sera Juste avant l'oubli de ce roman (je sais c'est facile mais tellement tentant !)

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 21:45
Carthage de J C Oates

Comme souvent, J C Oates dissèque avec minutie les failles , les faiblesses et les peurs de l'Amérique, acutisées par le 11 Septembre 2001.

Son livre est divisé en trois parties distinctes .

La première est une tragédie grecque ; elle se déroule dans la petite ville de Carthage en 2005 et débute par la disparition de Cressida, la fille cadette de Zeno et Arlette Mayfield, famille honorablement connue, le père , ancien maire est apprécié par les habitants et tous se mettent à la recherche de la jeune fille .

Les soupçons se dirigent rapidement vers le Caporal Brett Kincaid, l'ex fiancé de Juliet, la soeur ainée de Cressida .

En parallèle de ces recherches , J C Oates nous fait entrer dans l'histoire de ces personnages : l'opposition entre les deux soeurs : La belle ( Juliet ) et l'Intelligente mais laide (Cressida ) ;

l'engagement dans l'armée de Brett Kincaid comme une évidence pour cet homme jeune après les attentats du 11 Septembre mais son retour comme beaucoup d'autres soldats en homme brisé, blessé et infirme sans espoir de retrouver une vie normale et anéanti psychologiquement par ce qu'il a vécu .

La deuxième partie, peut-être la plus marquante : "le conte philosophique" avec la visite du couloir de la mort d'une prison de Floride par l'Enquêteur et la Stagiaire, un plaidoyer contre la peine de mort , une performance pour l'écrivain qui dénonce les vices du système carcéral actuel.

La dernière partie sous forme de parabole: le retour de l'enfant prodigue : c'est celle que j'ai la moins aimée, plus lente donc plus longue.

On ne sait pas vraiment à la fin du livre ce qui c'est réellement passé, sans doute que cela importe peu et ce n'est pas le but de l'écrivain de nous livrer une enquête policière en bonne et due forme.

Il faut noter également un style narratif particulier : les faits principaux sont donnés en préambule des chapitres puis J C Oates sonde en profondeur ses personnages pour donner une vision ciselée de l'âme humaine et de ses défaillances .

Donc, une fois de plus un roman marquant !

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8 janvier 2016 5 08 /01 /janvier /2016 21:44
L'avocat, le nain et la princesse masquée de Paul Colize

Un livre que je n'aurais jamais choisi spontanément et que j'ai entamé sans grande conviction ...

Et je reconnais volontiers que je me suis bien amusée !

Les péripéties de Hugues Tonnon, avocat spécialisé dans les divorces et accusé du meurtre d'une de ses clientes qu'il avait raccompagné chez elle après une soirée bien arrosée , sont cocasses, toujours à la limite du crédible nous entrainant à travers le monde et nous plongeant dans les envers du milieu du show biz et du sport : ça fait frissonner ...

J'ai particulièrement aimé les titres de chapitres en références cinématographiques particulièrement bien choisies, Bravo ! cela rajoute au plaisir du livre celui de se remémorer le film C'est enjoué, rapide et plutôt subtil : idéal pour un lendemain de Saint Sylvestre .

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 22:15
Le bon coupable d'Armel Job

Un village belge mais il pourrait être français , tous les habitants se connaissent mais qui sait vraiment ce qui se passe une fois la porte close : disputes, infidélités , tricheries et magouilles ... le lot ordinaire et peu reluisant de la nature humaine .

Dimanche midi, le 17 juillet 1960, Clara va chercher son père parti se réfugier dans son garage après une nouvelle brouille avec sa femme , une voiture passe trop vite dans la ruelle et l'enfant est projetée sans vie sur le trottoir.

Le chauffard s'est enfui, personne n'a rien vu .

Qui est coupable ? les parents qui se servent de l'enfant comme le messager de leur mésentente, le maquignon filou qui boit trop et qui mérite cent fois la prison, le procureur du Roi qui se dit irréprochable mais quitte précipitamment sa maitresse pour retrouver Bobonne et le rôti du dimanche et pense être, du fait de sa fonction, au dessus des lois ?

Sur fond de fait divers dramatique, Armel Job dresse un portrait sans concession de nos petits arrangements avec la morale, nos mesquineries et notre vision parfois raccourcie de la notion de justice.

Et ça remue profond les tripes et les méninges !

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