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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 09:39
Les nuits de Reykjavik de Arnaldur Indridason

Quoi de mieux, me dis-je, que ce roman pour m'initier à la vie nocturne de la capitale islandaise avant d'y débarquer moi-même dans quelques jours ?

Prenons comme guide ce jeune Erlendur, il vient de rentrer dans la Police de proximité , on remarque au passage que ce pays a un effet rajeunissant, chic c'est mieux qu'un séjour en Thalasso , car j'ai connu Erlendur dans de précédentes aventures avec beaucoup plus d'heures de vol ...

Première étape de la visite, d'anciennes tourbières devenues terrain de jeu pour les gosses du quartier , n'hésitez pas à approcher et vous verrez l'anorak vert qui flotte, et oui vous avez raison ma p'tite dame , c'est Hannibal le clochard que l'on a découvert noyé .

Remontez dans le bus, je vous prie , pour un petit tour par les foyers de SDF , les caves insalubres ou les sorties de bar du samedi soir, sans oublier les accidents de la route et les cambriolages ...

Ah bon, alors finalement ça ressemble à chez nous avec son lot de laissés pour compte, les trafics de drogue, la violence conjugale et les beuveries ?

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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 16:36
Juste avant l'oubli d'Alice Zeniter

Un petit voyage aux Hebrides, ça ne se refuse pas quand on fait référence à Peter May et sa trilogie écossaise , là on ne voyage plus en classe thriller mais dans une fiction autour d'un écrivain de polar Galwin Donelli mystérieusement noyé sur l'ile qu'il avait élue pour se retirer de la fureur du monde littéraire .

Un congrès annuel y est organisé par les adorateurs du Maitre et c'est là que Franck, infirmier rejoint sa compagne Emilie qui prépare une thèse sur Donell et y travaille depuis plusieurs semaines sur l'ile .

Totalement étranger au microcosme littéraire qui grouille autour de conférences d'auto-satisfaction et de banquets bien arrosés, Franck découvre le visage sauvage de l'ile avec le gardien, un homme taiseux et doit bien se rendre à l'évidence que le couple qu'il forme avec Emilie est à l'agonie .

Certes, Alice Zeniter écrit bien, mais on s'ennuie un peu surtout lors des nombreux passages sur la vie et l'oeuvre de Galwin Donell, pour moi ce sera Juste avant l'oubli de ce roman (je sais c'est facile mais tellement tentant !)

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 21:45
Carthage de J C Oates

Comme souvent, J C Oates dissèque avec minutie les failles , les faiblesses et les peurs de l'Amérique, acutisées par le 11 Septembre 2001.

Son livre est divisé en trois parties distinctes .

La première est une tragédie grecque ; elle se déroule dans la petite ville de Carthage en 2005 et débute par la disparition de Cressida, la fille cadette de Zeno et Arlette Mayfield, famille honorablement connue, le père , ancien maire est apprécié par les habitants et tous se mettent à la recherche de la jeune fille .

Les soupçons se dirigent rapidement vers le Caporal Brett Kincaid, l'ex fiancé de Juliet, la soeur ainée de Cressida .

En parallèle de ces recherches , J C Oates nous fait entrer dans l'histoire de ces personnages : l'opposition entre les deux soeurs : La belle ( Juliet ) et l'Intelligente mais laide (Cressida ) ;

l'engagement dans l'armée de Brett Kincaid comme une évidence pour cet homme jeune après les attentats du 11 Septembre mais son retour comme beaucoup d'autres soldats en homme brisé, blessé et infirme sans espoir de retrouver une vie normale et anéanti psychologiquement par ce qu'il a vécu .

La deuxième partie, peut-être la plus marquante : "le conte philosophique" avec la visite du couloir de la mort d'une prison de Floride par l'Enquêteur et la Stagiaire, un plaidoyer contre la peine de mort , une performance pour l'écrivain qui dénonce les vices du système carcéral actuel.

La dernière partie sous forme de parabole: le retour de l'enfant prodigue : c'est celle que j'ai la moins aimée, plus lente donc plus longue.

On ne sait pas vraiment à la fin du livre ce qui c'est réellement passé, sans doute que cela importe peu et ce n'est pas le but de l'écrivain de nous livrer une enquête policière en bonne et due forme.

Il faut noter également un style narratif particulier : les faits principaux sont donnés en préambule des chapitres puis J C Oates sonde en profondeur ses personnages pour donner une vision ciselée de l'âme humaine et de ses défaillances .

Donc, une fois de plus un roman marquant !

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8 janvier 2016 5 08 /01 /janvier /2016 21:44
L'avocat, le nain et la princesse masquée de Paul Colize

Un livre que je n'aurais jamais choisi spontanément et que j'ai entamé sans grande conviction ...

Et je reconnais volontiers que je me suis bien amusée !

Les péripéties de Hugues Tonnon, avocat spécialisé dans les divorces et accusé du meurtre d'une de ses clientes qu'il avait raccompagné chez elle après une soirée bien arrosée , sont cocasses, toujours à la limite du crédible nous entrainant à travers le monde et nous plongeant dans les envers du milieu du show biz et du sport : ça fait frissonner ...

J'ai particulièrement aimé les titres de chapitres en références cinématographiques particulièrement bien choisies, Bravo ! cela rajoute au plaisir du livre celui de se remémorer le film C'est enjoué, rapide et plutôt subtil : idéal pour un lendemain de Saint Sylvestre .

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 22:15
Le bon coupable d'Armel Job

Un village belge mais il pourrait être français , tous les habitants se connaissent mais qui sait vraiment ce qui se passe une fois la porte close : disputes, infidélités , tricheries et magouilles ... le lot ordinaire et peu reluisant de la nature humaine .

Dimanche midi, le 17 juillet 1960, Clara va chercher son père parti se réfugier dans son garage après une nouvelle brouille avec sa femme , une voiture passe trop vite dans la ruelle et l'enfant est projetée sans vie sur le trottoir.

Le chauffard s'est enfui, personne n'a rien vu .

Qui est coupable ? les parents qui se servent de l'enfant comme le messager de leur mésentente, le maquignon filou qui boit trop et qui mérite cent fois la prison, le procureur du Roi qui se dit irréprochable mais quitte précipitamment sa maitresse pour retrouver Bobonne et le rôti du dimanche et pense être, du fait de sa fonction, au dessus des lois ?

Sur fond de fait divers dramatique, Armel Job dresse un portrait sans concession de nos petits arrangements avec la morale, nos mesquineries et notre vision parfois raccourcie de la notion de justice.

Et ça remue profond les tripes et les méninges !

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4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 11:00
La mémoire des embruns de Karen Viggers

Fermez les yeux et laissez vous emporter par le vent vers l'ile de Bruny en Tasmanie , si vous ratez l'escale, il vous mènera tout droit en Antarctique ...

Lorsqu'un homme âgé dépose chez Mary une lettre qu'il lui demande de remettre à l'intéressé, la vieille dame au coeur malade comprend qu'il est temps pour elle de tenir ses promesses et de revenir sur les traces de son passé : cette île battue par les bourrasques sur laquelle elle a vécu avec son mari Jack , le gardien du phare , et ses enfants .

Moments de félicité mais aussi tempêtes qui n'ont pas épargné son couple et l'ont laissé souvent anéanti , alors, revenir sur ces traces même si elles ont été douloureuses , est un chemin qu'elle sent comme indispensable au pardon.

Le second narrateur du roman est son plus jeune fils, Tom , un homme au coeur brisé et qui après un long séjour comme mécanicien sur une base de l'Antarctique ne s'est pas réadapté à la vie normale , tiraillé par son désir d'y retourner même si son séjour s'est révélé difficile .

Un roman que j'ai bien aimé même si l'émotion reste en dessous de Une vie entre deux océans auquel ce livre fait bien entendu penser ; le retour de Mary sur les traces de son passé même si on devine assez vite le "secret", est intéressant dans l'analyse qu'elle fait sur l'évolution du couple dans un milieu difficile avec l'omniprésence du vent et sur la volonté de cette vieille dame de diriger son destin jusqu'à l'ultime instant en dépit de ce que voudraient ses enfants .

L'expérience de Tom sur une base isolée de tout dans un microcosme qui devient vite un huis- clos tentaculaire puis sa tentative de réintégration dans un monde normal apporte au récit une dimension plus actuelle et lui évite de sombrer dans la sempiternelle nostalgie des souvenirs de personnes au bout de leur histoire.

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 12:34
Va et poste une sentinelle de Harper Lee

A quel moment peut-on abandonner une lecture ? J'ai tenu bon un petit tiers et ne voyant pas poindre d'action ou d'intérêt j'ai posé à regret ce roman.

A regret car , comme pour beaucoup de lecteurs, j'étais intriguée de découvrir cet ouvrage inconnu jusqu'il y a peu de cet écrivain qui nous avait tant ému et emballé avec son premier livre.

Mais là , je n'ai pas compris où Harper Lee voulait mener son public entre réminiscence de souvenirs sans véritable intérêt de l'enfance de Scout et un présent plutôt banal avec les désillusions de la vie d'adulte, presque un torpillage des personnages précédents .

Alors bien sur, j'ai peut-être baissé les bras un peu vite , c'est ce que m'objecteront ceux qui ont aimé ce livre , mais on peut se demander pourquoi l'auteur ne publie ce roman écrit dans les années cinquante que maintenant !

Et puis j'ai encore tellement de livres qui m'attendent ...

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27 décembre 2015 7 27 /12 /décembre /2015 10:34
Les fleurs d'hiver d'Angélique Villeneuve

On se souvient de l'histoire poignante des Gueules cassées du roman La chambre des officiers de Marc Dugain mais je n'avais pas imaginé ce que pouvait être le retour de ces hommes mutilés dans leur foyer.

Il avait bien fallu que Jeanne s'habitue à vivre sans son homme, Toussaint, parti combattre en 1914 puis blessé et envoyé au Val de Grace , et à accepter le message laconique qu'il lui envoie: "Je veux que tu viennes pas ".

Une survie avec sa fille Léonie en confectionnant des fleurs pour des modistes, s'entraidant et se soutenant avec les voisines, elles aussi sans leurs maris ou leurs fils , une société de femmes , de débrouillardise et de solidarité.

Puis à la fin des combats, il faut réapprendre à vivre : parfois avec la perte des êtres chers ou comme Jeanne avec un homme différent, qui ne parle plus et dont le visage est en partie recouvert d'un masque de tissu.

Comment ces hommes ont-ils réintégré leurs vies ordinaires, pas celles d'avant, car rien ne sera pareil, ni le regard des autres, d'abord celui de son aimée quand on ne peut supporte plus d'être regardé en face et aussi celui de ses jeunes enfants qui n'ont pas le souvenir de leur père et sont relégués à leur place de progéniture et non plus de face à face unique avec sa mère .

Apprivoiser de nouveau la relation du couple en dépassant les souvenirs, et les répulsions premières c'est le pari de ce livre sensible d'Angélique Villeneuve ,un hymne à la vie et à l'amour en espérant que tous les Toussaint aient retrouvé leur Jeanne ...

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 22:12
Tout ce qui est solide ce dissout dans l'air de Darragh McKéon

Quelques phrases suffisent pour sentir que cela va être un grand moment et cela ne s'est pas démenti au cours de ma lecture .

26 Avril 1986 , comment oublier cet épisode si tragique de l'accident nucléaire de Tchernobyl .

Darragh McLéon nous fait revivre cet événement , tournant dans l'histoire de l'URSS et quasi-contemporaine de la Pérestroïka.

Les personnages de ce roman sont tous attachants, se battant pour le bien des autres comme Grigori, le chirurgien ou plus simplement luttant pour manger, vivre au quotidien sans être dénoncé, garder son toit et se chauffer . Pour des milliers de gens vivant près de Tchernobyl et qui ont été déplacés , il faut survivre malgré l'accueil hostile des autres qui ont peur d'être contaminé, ignorant eux-mêmes qu'ils le sont également .

Grigori , le chirurgien réputé est envoyé dès les premières heures sur les lieux de la catastrophe, c'est un des seuls à avoir un regard lucide vis à vis des conséquences de l'irradiation sur les populations locales et à exprimer son inquiétude malgré la chape de silence imposé par le parti avec son lot de mensonges d'état.

Maria, son ex-femme , journaliste aux écrits subversifs ,virée de son journal , elle travaille à la chaine dans une usine et est hébergée chez sa soeur Nadia et son neveu , Evgueni.

Evgueni, enfant doué pour la musique, joue sur un piano aux touches silencieuses, seule musique admise par les autres habitants de l'immeuble .

Un gamin à la dérive, comme les jeunes de ce pays qui ne voient pas d'avenir et se constituent en bandes , vivant de petits trafics .

Artiom, jeune adolescent et sa famille vivaient à la campagne près de la centrale et font partie des premiers évacués ; les hommes, comme son père sont envoyés nettoyer les abords de la centrale, Les Liquidateurs comme un certain nombre d'hommes arrivés spontanément pour aider leur pays et dont la mort rapide fait froid dans le dos .

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce roman ne se complait pas dans le pathos, le rythme est rapide, les gens font preuve de beaucoup de combativité et de courage face à une vie difficile .

Il émane de ce récit fort bien documenté un grand élan de solidarité et d'amour et c'est une lecture forte et émouvante .

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 21:48
La bête de Catherine Hermary- Vieille

Version exotique de la Bête du Gevaudan .

Nous sommes bien dans le pays du Gevaudan, quelques années après les sinistres exploits de la Bête mais si les loups sont devenus moins nombreux, ils ont été tellement chassés , la mentalité des habitants évolue peu et la peur demeure .

Jacques Chastel, le guérisseur, vit à l'écart du village , ne le dit-on pas un peu sorcier , avec ses deux fils .

Le cadet , Antoine, rêve d'une autre vie et de rivages plus souriants et part à l'aventure vers le Sud détroussant au passage quelques bergères innocentes.

Mais la chance ne sourit pas toujours aux audacieux et les pirates qui capturent le bateau sur lequel il s'était embarqué vendent le jeune homme comme esclave à Alger dans un palais où il est en charge des soins aux animaux sauvages, bien loin de ses rêves de splendeur et de richesse .

Revenu dans son pays natal avec comme seule richesse ,une hyène qu'il a élevée, il reprend sa vie de forestier mais marqué par les échecs et par la mutilation qu'il a subi en Algérie , il emmène sa bête tuer bergères et enfants, un besoin irrépressible de sang et de violence .

Qui est vraiment la Bête ? la question ne se pose même pas ...

La fin a été d'autant plus incompréhensible pour moi et je n'ai pas vraiment apprécié ce roman : manque de crédibilité et de souffle lyrique par rapport à ce que j'avais déjà pu lire de Catherine Hermary-Vieille .

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