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28 décembre 2018 5 28 /12 /décembre /2018 15:18
A son image de Jérôme Ferrari

Heureusement il y a l'écriture de Jérôme Ferrari , l'originalité et le défi d'intercaler le récit pendant les étapes de la liturgie catholique des funérailles car je n'ai pas vraiment aimé ce roman , en attendant sans doute trop après les excellentes critiques lues sur Babelio .

Antonia s'est tuée en revenant dans son village de Haute Corse , éblouie par la lumière du soleil levant , comme un flash vengeur pour cette jeune femme photographe : réponse finalement apportée au tout début du roman sur les limites de l'image figée par la photographie lorsqu'elle ne se contente plus de montrer la beauté du monde et des hommes.

Son parrain et son confident, celui qui lui avait offert son premier appareil photo célèbre la messe en tant que prêtre  , occasion de revenir sur la vie d'Antonia mais aussi sur le nationalisme corse et sur la place ambiguë de la photographie dans l'intimité des hommes, dans l'indécence vite atteinte des photos lorsque , comme Antonia l'a fait dans les Balkans, elles montrent de trop près les dommages mais ce sont , à mon avis , les pages les plus poignantes du roman.

Je suis restée assez distante vis à vis des personnages, le récit prenant souvent l'allure d'un essai sur l'impact des images et les frontières que le photographe doit ou pas s'imposer .

Quant aux pages sur le nationalisme corse, Jérôme Ferrari n'est pas spécialement tendre , mais le faut-il ... Le combat comparé à celui des conflits récents semble un peu caricatural et j'espère , en tout cas , ne vexer aucun lecteur corse.

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25 décembre 2018 2 25 /12 /décembre /2018 11:45
Cet été là de Lee Martin

Cet été là, Katie, 9 ans prend son vélo pour rendre ses livres à la bibliothèque, elle doit faire vite car c'est bientôt l'heure de la fermeture mais plus personne ne reverra la fillette vivante .

Une énième histoire de disparition d'enfant me direz-vous , certes, mais racontée par les différentes personnes plus ou moins impliquées dans le drame, trente ans après avec des retours à cet été là .

Katie est la plus jeune enfant de la famille Makey, propriétaire de la verrerie locale qui fait vivre cette bourgade de l'Indiana dans les années 1970.

Le premier à raconter l'histoire est Henri Dees, professeur de mathématiques qui donnait des cours à la petite Katie . Un personnage sombre, seul avec des fantasmes qui font vite hérisser les poils du lecteur ...Son récit, trente ans plus tard n'est qu' une confession étrange cherchant à se dédouaner d'une quelconque culpabilité, en changeant un peu les versions au fur et à mesure  de son récit , pour arriver finalement au moment crucial , mais doit-on le croire ?

Le frère de Katie, Gilley, adolescent à l'époque du drame, il culpabilise car c'est à cause de lui que la petite fille est partie à vélo ce soir là . S'il était encore un gamin insouciant , les événements vont le précipiter dans la vie adulte avec ses chocs pris de plein fouet par lui .

Clare, une femme dans la soixantaine, qui se voile la face parce que Raymond R. avec qui elle vit depuis son veuvage l'appelle "ma ptite chérie" ...

Une petite ville où chacun s'épie et envie celui qui a une plus belle maison,  où le statut social prime sur les éléments troublants et les preuves et où on peut se faire justice soi-même sans être inquiété ; c'est le fort de l'écrivain : distiller cette ambiguïté jusqu'à la fin  et qui permet de sortir ce roman de la répétitive histoire de disparition d'enfant  .

 

 

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18 décembre 2018 2 18 /12 /décembre /2018 11:38
Magnifica de Maria Rosaria Valentini

Une très belle histoire de femmes sur plusieurs générations dans une région pauvre et isolée d'Italie .

Des mères comme Euphrasia , dépérissant sous l'emprise de son mari jusqu'à la naissance d'un fils , dix ans après l'ainée Ada Maria qui sera pour l'enfant la mère de substitution .

Des amantes, comme Térésina, qui devient , elle aussi , une confidente et un soutien .

Une jeune femme, Ada Maria, lumineuse dans sa simplicité et son amour pour le soldat allemand qui vit toujours dans une grotte dix années après la fin de la guerre .

Tout est pudeur , peu de paroles sont échangées mais on s'émerveille des couleurs de la campagne observée par une fenêtre et chacun est présent lors des veillées des morts comme chacun s'extasie à la naissance d'un nouveau né . La vie est rude en cette moitié du vingtième siècle et les villages se vident , peu de femmes ont accès à l'éducation mais aucune ne se plaint .

Un roman au rythme lent sans que le lecteur ne s'impatiente, savourant le style et la profondeur des sentiments .

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15 décembre 2018 6 15 /12 /décembre /2018 14:54
En attendant la neige de Christine Desrousseaux

En attendant la neige ... Vera ne va pas l'attendre bien longtemps cette neige lorsqu'elle arrive dans le chalet qu'un ami lui a prêté, la vieille Louise l'a d'ailleurs prévenue en lui donnant les clés avec un air méfiant. Mais Vera n'en a cure, elle a besoin de ce refuge, loin de sa si accaparante sœur Mathilde qui la surprotège depuis le grave accident de voiture qui a couté la vie à sa mère et l'a laissé avec des séquelles physiques et des troubles neurologiques , elle ne se souvient plus de l'accident et culpabilise d'avoir causé le décès de sa mère .

Loin de tout , elle compte bien se rétablir physiquement et se sevrer de ses médicaments , donc ce ne sont pas quelques flocons qui vont changer ses plans ...

Bien entendu, le séjour ne va pas se dérouler comme prévu, entre la chute lors de sa première ballade où elle est secourue par un homme mystérieux qui séjourne dans un chalet non loin du sien et est également dans ces lieux éloignés à la poursuite d'une femme , les chasseurs hostiles,  la découverte du cadavre d'une jeune femme dans une faille , les (faux) indiens et évidemment la neige dans ce pays du Haut Jura un peu paumé .

L'intrigue monte peu à peu en puissance et quand on sent avoir deviné la suite, l'histoire prend un autre chemin jusqu'au dénouement inattendu .

Donc pour moi, un thriller correct qui mêle une histoire de meurtre , une héroïne attachante avec son combat pour s'en sortir par elle-même , sa quête de la résilience en même temps que l'acceptation du présent pour pouvoir enfin avancer .

Je remercie les Éditions Calmann Levy et NetGalley pour leur confiance.

#EnAttendantLaNeige #NetGalleyFrance

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8 décembre 2018 6 08 /12 /décembre /2018 15:13
La part des nuages de Thomas Vinau

Je cherchais ce qui pouvait caractériser Thomas Vinau, pour ce roman-ci , je dirais : funambule des mots ...

De la description des nuages avec son fils Noé à sa retraite dans la cabane du vieux cerisier , Joseph, le narrateur promène sa mélancolie .

Les jours s'étirent alors que l'absence de l'enfant ne dure qu'une semaine -remplir à sa façon le vide qu'il laisse lorsque Noé  n'est pas là ...

Il faut se laisser porter par le rythme sinon le lecteur pressé sombre dans l'ennui .

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4 décembre 2018 2 04 /12 /décembre /2018 21:10
La saison des feux de Céleste Ng

La belle maison des Richardson part en fumée , on sait d'emblée qui a allumé le feu , comme on voit également partir Mia Warren et sa fille Pearl. Toute l'intrigue consiste à remonter à l'origine du drame et à comprendre ce qui a pu entrainer la plus jeune de la fratrie, Izzie à détruire le cocon familial ...

Shakers Heights , banlieue huppée de Cleveland , est un quartier qui se veut modèle avec des maisons de même style, un jardin avec un arbre , des codes imposés pour respecter une certaine harmonie dans le paysage que l'on estime en prolongement du bonheur de ses habitants privilégiés , comme Héléna Richardson , la mère , irréprochable et respectée , travaillant comme journaliste dans le journal local.

Elle accepte comme locataire une artiste photographe, Mia et sa fille du même âge que Moody,  un de ses fils , les deux jeunes deviennent rapidement de bons copains .

Qu'est ce qui vient enrayer cette vie bien tranquille ? c'est ce que je me suis demandée dans la première partie du roman qui prend son temps pour mettre les choses en place , puis tout s'accélère : les malentendus par manque d'écoute , les maladresses de certains parents pensant détenir une unique vérité et la rigidité des conduites font éclater le cercle vertueux . On y parle beaucoup de maternité et des liens du sang , mais également de mères porteuses ou d'abandon d'enfant ainsi que de la fascination de jeunes adolescents pour des personnes étrangères lorsqu'ils découvrent autre chose, une ouverture  vers un avenir moins conventionnel que celui envisagé par les parents  et un mode de vie plus libre, même s'il n'est pas entouré de tout le luxe que peut procurer l'argent .

Peut-être moins marquant que le roman précédent: Tout ce que l'on ne s'est jamais dit mais qui évoque de la même façon la lourdeur du passé et  la difficulté des relations humaines à commencer par sa propre famille .

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1 décembre 2018 6 01 /12 /décembre /2018 14:27
Le camp des autres de Thomas Vinau

L'enfant fatigué avance dans les bois, portant son chien blessé dans ses bras, il quitte la ferme familiale et sait qu'il n'y retournera  .

La forêt l'accueille et le protège mais elle est aussi source de peurs et de dangers de toute sorte en cette année 1907, il y a encore des loups et des bandes de brigands s'y réfugient .

Gaspard, l'enfant, est recueilli par Jean le Blanc, guérisseur, braconnier ou sorcier , mais un homme bon . Il croise alors la route de marginaux, et Sarah la belle prostituée , Capello et Fata , membres de la caravane à Pépère, une troupe hétéroclite vivant de rapines et de boniments , pourchassée par la Maréchaussée ...

C'est un hymne, à la fois à la nature avec une forêt généreuse et à la liberté même si elle est chèrement gagnée et à la solidarité entre les hommes que Thomas Vinau exprime en phrases courtes, à la musicalité envoutante et à la sensibilité sans fards .

Un très beau roman que je vais offrir en cette fin d'année comme un hommage à ceux qui se battent contre les inégalités et choisissent des chemins escarpés .

 

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25 novembre 2018 7 25 /11 /novembre /2018 21:47
Là où les chiens aboient par la queue de Estelle-Sarah Bulle

Avec un titre pareil, je ne savais pas trop à quoi m'attendre...

Cela aura été un moment de lecture bien plaisant en compagnie de la famille Ezechiel de Morne Galant , un petit village en Guadeloupe puis Pointe à Pitre pour finir à Paris où vit la narratrice . La jeune femme qui n'a pas vécu en Guadeloupe demande à ses deux tantes et à son père de lui raconter la culture créole et les histoires de la famille , le récit alterne donc entre les trois personnages .

L'ainée de la fratrie, Appolone de nom de baptême mais appelée Antoine de son nom de savane ( ici dans la campagne sud- girondine on dit un chafre ...) est la plus "colorée" , elle quitte jeune son village pour monter un petit commerce à Pointe à Pitre , les deux autres suivront avant de partir tous à Paris .

Une vision très vivante de la pensée et de la vie antillaise émane de ce roman à la langue imagée et poétique  mêlée à quelques expressions créoles , qui pointe du doigt  la difficulté de se sentir intégré et l’ambiguïté de l'identité des antillais aussi bien dans les îles où ils sont confrontés au racisme de classe et de couleur de peau qu'en Métropole où leurs espoirs se transforment souvent en galères .

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23 novembre 2018 5 23 /11 /novembre /2018 15:13
Skeleton Road de Val McDermid

L'attrait essentiel de ce thriller est le retour sur la guerre des Balkans entre récit d'étrangers universitaires bloqués dans Dubrovnik assiégé , recherche des criminels de guerre par le Tribunal international de La Haye ainsi que , dans un autre registre,  les méthodes du service d'investigation des affaires historiques en Angleterre lorsqu'un squelette avec un orifice de balle dans le crane est découvert sur le toit d'une vieille université à Edimbourg.

C'est l'inspectrice Karen Pirie, dont je fais la connaissance dans ce roman, mais visiblement héros récurent de Val McDermid qui est chargée de l'enquête . Avec les technologies assez bluffantes actuelles , les premières conclusions  la conduisent sur la piste d'un général croate,  disparu depuis huit ans après avoir vécu quelques années après la guerre en Angleterre avec Maggie Blake, une universitaire qui avait vécu à Dubrovnik pendant le conflit, d'où les retours sur cette période .

L'intrigue en elle même est assez ténue car on devine relativement vite qui a tué le général, c'est le contexte complexe et les poursuites de criminels de cette guerre qui font  l'intérêt principal de ce récit à mon avis .

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20 novembre 2018 2 20 /11 /novembre /2018 15:33
La vraie vie d'Adeline Dieudonné

On doit se féliciter d'avoir eu une enfance banale même si elle ne sera jamais source d'inspiration d'un roman !

Pour la jeune narratrice, dont on ne connaitra pas le prénom, les premières années de sa vie s'écoulent en ignorant sa mère si passive et en se tenant à bonne distance de son père , un chasseur qui n'est heureux que lorsqu'il peut se servir de son arme , ses  seuls réconfort et soutien sont le rire enfantin et gai de son petit frère Gilles, jusqu'au drame dont les deux enfants sont les témoins et qui éteignent la joie de Gilles .

Sa sœur décide alors de tout tenter pour faire revenir le rire de ce petit frère et de devenir , sur les conseils de la  voisine fantasque , une nouvelle Marie Curie , aidée également par un vieux voisin , ancien professeur et qui perçoit le désarroi de la jeune fille autant que ses capacités intellectuelles hors norme .

La science va devenir un exutoire à la violence qu'elle sent à l'intérieur d'elle même , alors que l'enfance s'éloigne avec l'éveil de la sensualité et du désir, de la conscience de son corps et de ses pouvoirs en même temps que de sa vulnérabilité  .

Un récit d'une grande maitrise qui va au plus profond de l'être dans une banlieue lugubre mais où la musique du marchand de glace résonne comme une fête , une promesse de jours meilleurs .

Une histoire que je rapprocherai de celle de My absolute Darling sans l'aspect dérangeant et ambigu qui avait troublé ma lecture .

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