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19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 11:47
Las abeilles grises d'Andreï Kourkov

J'avais oublié , ou plutôt mis dans un coin peu exploré de ma mémoire comme vraisemblablement beaucoup de monde, ce conflit armé dans le Donbass en 2014 entre les séparatistes pro-russes et les Ukrainiens qui a quand même fait 14000 morts et un million et demi de déplacés ...

Ce roman d'Andreï Kourkov arrive à point nommé pour nous rappeler combien cette situation pouvait présager de la suite dramatique actuelle !

Il nous entraine dans la zone grise du Donbass, dans un petit village qui a été au coeur des bombardements , abandonné par ses habitants sauf deux irréductibles, Sergueïtch et Pachka, ennemis d'enfance et aux soutiens  opposés dans  ce conflit mais bien obligés de s’entraider et finalement de s'apprécier.

Sergueïtch, apiculteur est un homme attachant . Il est aux petits soins pour ses abeilles et avant la guerre recevait chez lui quelques dignitaires pour une petite sieste réparatrice sur ses ruches .

Dans la première partie du roman, l'hiver rend les journées encore plus longues, il n'y a plus d’électricité depuis 3ans , Sergueïtch passe beaucoup de temps avec ses souvenirs et dans ses rêves .

Il fait partager au lecteur ses interprétations du silence avec ses différentes nuances et son amour du gris qui est la couleur dominante autour de lui.  Il s'est habitué à toutes ces privations mais il y a une chose qui n'a pas de prix pour lui, c'est le bien-être de ses abeilles dont il ausculte régulièrement le bourdonnement en collant son oreille contre les ruches.

C'est lent comme leur vie qui s'écoule entre la visite d'un soldat ukrainien pour Sergueïtch et des séparatistes chez Lachka .

Au printemps, l'apiculteur décide de transporter ses ruches dans des contrées plus riantes et le voilà parti avec sa voiture tirant une remorque et ses six ruches . C'est sans compter l'absurdité des nombreux contrôles , l'intolérance de certains ukrainiens pour lesquels il est perçu comme au mieux un réfugié mais il fait aussi de belles rencontres, Galia, qui voudrait bien le retenir chez elle et la famille tatare en Crimée , à chaque endroit sous le regard inquisiteur et persécuteur du voisin russe .

Un magnifique récit que la plume à la fois sensible et drôle de Kourkov nous fait aimer , ça fourmille de détails , il ressort de cette histoire un profond espoir et une grande humanité et on laisse à regret Sergueïtch et ses abeilles .

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