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20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 14:08
Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea

Veiller sur elle est un magnifique roman , on peut y voir trois entrées.

La première entrée est une sortie. Celle d'un vieil homme à l'agonie ,  veillé par les frères qui l’hébergent depuis des années dans leur abbaye sans qu'il ait prononcé ses vœux .

Pendant que les moines s'interrogent sur la fin de vie de ce vieillard, lui se remémore toutes les années avant son enfermement volontaire .

Voilà la partie la plus conséquente du récit, riche en rebondissements et en personnages.

Atteint de difformité, certains le traitant de nain, un  nom qu'il n'a jamais admis, Michelangelo Vitalini surnommé Mimo est né en 1904 dans une famille italienne pauvre .

A la mort précoce de son père , un sculpteur qui lui a donné le goût des belles choses et lui a enseigné son art de façonner la pierre , Mimo est envoyé chez un pseudo-oncle sculpteur lui aussi   , méchant, cupide et incompétent en apprentissage  .

C'est lors d'une visite nocturne dans le cimetière qu'il rencontre Viola Orsini, 13 ans comme lui , fille de la puissante famille Orsini de la région.

C'est le début d'une amitié très forte, vibrionnante, tumultueuse , entre les enfants qui va devenir leur point d'ancrage malgré les nombreuses disputes et séparations qui suivront .

Le récit déroule ainsi l'histoire de l'Italie entre la première guerre mondiale et les années 1960 avec entre les deux, le choc de l'arrivée au pouvoir de Mussolini et de ses squadristes.

Mimo avec son talent reconnu de sculpteur navigue sans peine à travers les différentes époques, sachant se faire apprécier de mécènes, qu'ils soient religieux , les premiers à découvrir son talent ou politiques mais également , par son attitude souvent méprisante et cassante et  sa supériorité dans son art , se créant beaucoup d'ennemis .

Viola , elle, être fantasque, intelligente et rebelle reste enfermée dans son corps de femme de bonne société devant tenir son rang et ne pas faire de vagues , sa tentative de voler aidée par son ami Mimo, mettant un point final à son désir de liberté .

La troisième entrée de ce roman est celle de la Pietà, chef d’œuvre ultime du Maitre Vitalini , source d'interrogations sur la stupeur que certains ressentent en la contemplant et devant ce mystère, éloignée des yeux et enfermée dans les sous sols de l'abbaye où meurt Mimo .

Qui est cet "elle" sur laquelle il faut veiller, Viola ou la Pietà, et si elles ne faisaient qu'une ?

Jean-Baptiste sait très bien maintenir son lecteur suspendu à ses phrases, le récit est dense, émaillé de belles descriptions de la lumière de l'aube sur la campagne de Ligurie et ses champs d'orangers , de la poussière de marbre sous les coups des outils des sculpteurs, d'évocations des bouges malfamés des villes et de leur faune interlope .

J'ai cependant trouvé parfois quelques traits de personnages un peu trop caricaturaux et une certaine réserve pudique mais on se laisse happer par les péripéties de Mimo et les suates d'humeur de viola.

Il faudra attendre la toute fin pour comprendre la particularité de cette Pietà et c'est très bien ainsi.

 

 

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