La pommeraie de Peter Heller

Frith, professeur de lettres en Californie, alors qu'elle attend son premier enfant, se décide à ouvrir le coffret où sont rangés les écrits de sa mère Hayley.

Hayley était une spécialiste de la poésie chinoise et est devenue une référence dans la traduction d'une poétesse du VIII ème siècle : Li Xue .

Elle quitte le milieu universitaire pour élever sa fille dans le Vermont au cœur d'un verger aux pommiers âgés dans une cabane au confort rudimentaire; un choix évident pour offrir à Frith une enfance au milieu de la nature . Et même si le manque d'argent mine parfois le moral d'Hayley, Frith est heureuse et comblée par l'amour de sa mère, la présence d'Ours , le chien et bientôt l'amitié lumineuse de Rosie, une tisserande au grand cœur.

" C'était le carillon du bonheur .

Je ne sais pas ce que c'est le bonheur. Quelque chose que l'on cherche et auquel on s'accroche, mais que l'on perd parce qu'il est comme l'eau filant sous nos doigts. Dans ma vie, le bonheur qui arrive sans crier gare est le seul qui vaille ."

Les souvenirs de Frith reviennent au fur et à mesure qu'elle découvre les poèmes traduits par Hayley illustrant à chaque fois un épisode particulier de leur vie, de leurs sentiments et de la fusion de ces quelques années .

Leur vie est rythmée par la récolte des pommes, la fabrication du sirop d'érable ,l'observation de ce qui les entoure et la musique des mots de Li Xue que Hayley sait si bien mettre en harmonie avec ses sensations .

"J'aimais tellement ça, écouter des mots formés mille deux cents ans plus tôt rouler sur les lèvres de ma mère et voleter pareils à des papillons de nuit dans la lumière de la lampe avant de retomber par terre comme des flocons de neige. "

La cruauté de le vie vient fracasser l'illusion d'une vie sans nuages.

Le nouveau roman de Peter Heller est empreint de nostalgie, de délicatesse comme les fleurs  de cerisiers au printemps dont les pétales s'envolent dans le souffle du vent .

Il surprend un peu dans la trajectoire de cet écrivain mais montre la sensibilité d'un homme amoureux de la nature !

Et pour savourer un peu plus , voilà un poème de Li Xue :

" Le Grillon de fin d'été

Il n'y a rien que tu puisses me dire

que tu ne m'aies pas dit tout au long de la matinée.

Je sais que tu es seule.

Moi aussi.

Et que même si tu chantes et que tu chantes pour l'amour,

ta solitude parvient à te rendre heureuse,

Il en est de même pour moi.

Tu sens l'odeur de la pluie comme moi, et le crépitement des premières

gouttes sur les feuilles d'érable t'excite, le premier brin d'herbe qui frémit."