Tarentule d' Eduardo Halfon

Le narrateur, Eduardo , avait 13 ans en 1984 lorsque ses parents décident de l'envoyer avec son frère de 12 ans dans un camp de vacances pour enfants juifs au Guatemala .

La famille, d'origine juive, avait quitté précipitamment le Guatemala en 1981, inquiète des turbulences politiques de l'époque et rejoint les États Unis.

Dès le début du roman, le lecteur comprend que ce camp ne va pas se passer comme prévu.

Comme signe annonciateur inquiétant, Eduardo remarque une tache noire sur le bras du directeur du camp, Samuel Blum , que le jeune garçon prend pour une tarentule .

Effrayé par ce qui se déroule dans le camp, Eduardo prend la fuite dans la montagne et se perd ...

Une expérience traumatisante qui va le poursuivre le reste de sa vie et dont il va reparler à Samuel Blum de nombreuses années plus tard lorsqu'il le rencontre à Berlin.

Mais les souvenirs de l'enfant de 13 ans ont-ils été réellement vécus ou transformés par une imagination fertile et une sensibilité encore non canalisée ? 

La question reste posée et laisse le lecteur avec ses doutes . 

J'ai bien aimé le cheminement de ce récit, la fragilité de ce jeune garçon , balloté entre une origine religieuse dont il n'avait pas vraiment conscience ayant vécu dans une famille non pratiquante mais qui prend le chemin de l'exil anticipant les violences dont elle pourrait être l'objet, une vigilance dont elle fait preuve et qui montre bien la conscience aiguë d'être une cible .

La rencontre également entre Eduardo et Samuel à Berlin appuie encore plus sur cette mémoire de la Shoah qui revient , tel un boomerang , percutée les souvenirs à vif de l'auteur.