Dans nos pierres et dans nos os de Nathaniel Ian Miller

Le prologue, si le lecteur y prête bien attention , contient la trame du roman , le héros de l'histoire fait le bilan de sa vie depuis la décision prise à l'âge de 21 ans et qui va orienter son avenir ainsi qu'il présente certaines particularités de l'Islande  , "le paradoxe islandais ".

En 2012, en Islande , Orri est en passe de terminer sa première année de faculté lorsqu'il revient à la ferme familiale pour aider son père, pabbi .

Pabbi gère , difficilement, un élevage de vaches à viande alors que Mamma fait bouillir la marmite grâce à son travail de professeur d'Université .

Pourquoi difficilement ? Parce que , comme il est expliqué (un peu trop) longuement, il n'y a jamais rien de simple et de serein dans ce métier d'éleveur, la période des vêlages est un dur moment à risque où la mort du veau et/ ou de la vache , par accident, par pas de chance, par fausse manœuvre etc ... peut arriver à tout instant et ce sont du stress, de la tristesse et de la fatigue, parce que le matériel , généralement vieux peut lâcher à tout moment,et qu'il faut qu'il survive au froid intense,  parce qu'un accident par maladresse, inadvertance, fatigue peut vite tourner au drame et parce que , aussi , en Islande, le mauvais temps, les hivers longs et obscurs se surajoutent aux risques habituels ...

On patauge avec Orri et pabbi dans la boue, dans la bouse sous la pluie tenace et le mauvais vent !

On se rend rapidement compte que pabbi , bien qu'il fasse ce métier depuis des années,  n'est pas dans son élément et qu'il n'est pas heureux .

"Autour de lui, il ne voyait que boue, merde , mort et angoisse."

Orri, lui, aime plutôt ce travail à la ferme mais il est à un âge charnière, où les choix sont cruciaux : rester seconder son père ou revenir finir ses études comme le souhaitent sa mère et sa grand-mère, des femmes instruites et qui ont pris leurs décisions en toute conscience, mais leurs aspirations ne sont pas forcément celles du jeune homme .

L'histoire est joliment traversée par d'autres visages féminins, Rùna, la jeune voisine de la ferme qui, malgré une enfance compliquée a la tête bien sur les épaules et Mihan , d'origine philippine, qui, elle aussi va devoir décider de sa nouvelle vie islandaise .

Un petit coup de patte amical à Rykug, la chienne qui réconforte .

Je n'ai pas retrouvé dans ce roman l'humour particulier qui m'avais fait aimer L'odyssée de Sven.
Les passages sur la vie de la ferme sont trop pesants à mon avis même si cela éclaire les "états d'âme " de pabbi et le lecteur comprend bien la lourdeur de la tache qui pèse sur ses épaules . L'homme révèle à la toute fin du récit, l'origine de son malaise .

J'aurais préféré que le roman garde son titre original : Red Dog Farm , le titre français choisi ressemblant trop à De pierre et d'os de Bérengère Cournut.

Comme dans de nombreux romans qui se passent en Islande, la littérature et la poésie tiennent une grande place .

Je remercie NetGalley France et les Éditions Buchet-Chastel

#Dansnospierresetdansnosos #NetGalleyFrance