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17 mai 2019 5 17 /05 /mai /2019 20:33
La ferme du bout du monde de Sarah Vaughan

Après la relative ( ?) déception à la lecture du dernier roman de Jean Christophe Ruffin , il me fallait quelque chose de plus "terre à terre" et distrayant . Farfouillant dans ma PAL gigantesque avec des critères compliqués, frôlant une certaine maniaquerie , j'ai choisi finalement cette ferme du bout du monde, pas si exotique que cela puisqu'en Cornouailles ( quoique ... ). Pas de surprise, la trame de l'histoire est classique et plutôt prévisible mais cela remplit son rôle comme il faut .

Deux époques : les années 1943-44 , au moment où les familles habitant Londres envoyaient leurs enfants dans ce coin plus reculé mais néanmoins touché par la guerre et notre époque avec les difficultés du modèle ancien d'agriculture pour de petites exploitations et l'arrivée du tourisme dans cette contrée surplombant l'océan , un paysage de landes balayé par les vents et les tempêtes .

L'histoire s’intéresse principalement au destin de deux femmes :

Maggie, jeune fille en 1944, fille des fermiers de la ferme qui accueillent deux enfants , Will du même âge et sa jeune sœur Alice et Lucie, à notre époque , sa petite fille en pleine crise existentielle entre un mari qui la trompe et un travail qui la stresse , qui va se réfugier dans la maison familiale . La ferme connait de gros problèmes de trésorerie et Tom, le frère de Lucie  doit prendre des décisions avec sa mère et sa grand-mère .

Un lourd secret ronge l'existence de Maggie qui avec l'arrivée d'Alice , soixante dix ans après les faits va être révélé à sa famille .

Même s'il y a peu de suspense pour le lecteur, les pages s'enchainent agréablement sans temps mort ni niaiserie , les descriptions de cette partie de Cornouailles donneraient presque envie d'aller découvrir cette région. Contrat rempli pour moi !

 

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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 09:55
Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla de Jean-Christophe Rufin

Disons le d'emblée, j'ai eu du mal à finir la lecture de ce nouveau roman d'un écrivain que j'apprécie beaucoup habituellement !

Mêlant quelques éléments  autobiographiques , cette histoire est racontée sous forme d'enquête , le narrateur qui est le gendre du couple, interroge les différents protagonistes, recherche des documents de l'époque, c'est habile .

Tout commence en 1958, lorsque deux amis et leurs compagnes du moment partent au volant d'une Marly se faire une idée par eux-même de la vie en URSS .Lors de la traversée d'un village en Ukraine , Edgar tombe amoureux d'une jeune fille, Ludmilla perchée , nue, dans le gros chêne ornant la place centrale , c'est le début de leur histoire d'amour qui, comme le suggère le titre de l'ouvrage sera mouvementée . Le couple vit des périodes d'exaltation  et de grandes périodes de séparation , les unes et les autres n'étant pas vraiment en phase avec leurs périodes fastes , une carrière de diva pour Ludmilla et des affaires pas forcément très claires pour Edgar avec des revers de fortune brutaux ...

Réflexions sur l'amour , bien sûr, sur le couple et sur "l'argent ne fait pas le bonheur" mais on ne s'attache pas aux deux personnages, leurs faiblesses ne les rend pas plus sympathiques et j'ai eu hâte d'en arriver à leur ultime union ...

Si le précédent roman de Jean-Christophe Rufin, Le suspendu de Conackry était plaisant par son coté fantaisiste, celui-ci fait dans la démesure et je n'ai pas du tout adhéré .

 

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10 mai 2019 5 10 /05 /mai /2019 15:40
Sans jamais atteindre le sommet de Paolo Cognetti

Le Tibet et l'Himalaya sont pour beaucoup une destination mythique, certains à la recherche de l'exploit de franchir les plus hauts sommets, d'autres attirés par inaccessibilité du Tibet sous le joug des chinois et puis une grande partie d'individus comme moi poussés par leurs rêves d'aller sur les pas d'Alexandra David-Neel, de rencontrer le yéti ( les nostalgiques de Tintin ) , ou de croiser l'invisible léopard des neiges entre autres ...

Pour Paolo Cognetti, c'était aussi un rêve de montagnes pures , sans l'urbanisation galopante de ses Alpes d'adoption  , l'envie  de partager cette expédition avec des amis chers  tout en sachant qu'il devra affronter son démon , le mal d'altitude .

Car c'est bien d'un récit d'expédition qu'il s'agit , une caravane d'hommes et de mulets dans le Dolpo, cette petite enclave tibétaine au Nord du Népal pour y découvrir les vallées nichées à 5000 mètres, s'émerveiller devant le bleu turquoise de lacs , camper près de monastères fantômes et croiser au hasard des chemins et des rares villages  des moines bienveillants et des habitants souriants aux habitudes de vie d'un autre temps  mais aussi être surpris au détour d'un sentier par l'irruption de la civilisation en particulier chinoise dans un lieu improbable .

Marcher en montagne c'est aussi être seul avec ses pensées, ses efforts, ses doutes , c'est avoir un carnet pour faire quelques croquis.  Pour lui tenir compagnie, le soir dans sa tente quand le sommeil ne vient pas malgré la fatigue, Paolo Cognetti a emporté le livre de Peter Matthiessen: Le léopard des neiges et les écrits de Peter se confondent parfois avec ceux de Paolo et à défaut de léopard, une petite chienne arrivée de nulle part sera une compagne.

Récit sobre, le livre a peu de pages , sans concession comme tout vrai récit de montagne où on se demande parfois pourquoi on aime gravir des montagnes , où il fait froid , où on dort mal , où on compte ses pas avant de souffler un peu , où on a le mal d'altitude , où on souffre des pieds, de la tête ... mais dès que l'horizon est plat, on sent au fond de soi un réel manque , et où la seule envie est d'y retourner encore et encore !

Un grand merci aux Editions STOCK et à NetGalley

#SansJamaisAtteindreLeSommet #NetGalleyFrance

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8 mai 2019 3 08 /05 /mai /2019 10:45
Oublier Klara d'Isabelle Autissier

Une plongée refroidissante à Mourmansk , ville sinistrée après l'effondrement du régime soviétique , comme un antiguide de voyage ... mais ce n'est pas le propos principal d'Isabelle Autissier dans ce nouveau beau roman .

Iouri, la quarantaine, vit aux États-Unis depuis vint ans et y exerce sa passion, l'ornithologie en temps que professeur d'Université . Lorsqu'il apprend que son père mourant voudrait le voir, il se décide à retourner à Mourmansk , ville d'origine de sa famille  et qu'il avait quitté sans regret . Son père , Rubin l'implore de chercher à savoir la vérité sur Klara, la mère de Rubin , scientifique de haut niveau arrêtée en 1950  dont plus personne n'a eu de nouvelles et dont la disparition a jeté l'opprobre sur la famille de Rubin, enfant à l'époque et a marqué à jamais la vie  et le caractère de l'enfant.

Isabelle Autissier remonte le temps , d'abord avec les souvenirs de Iouri entre un pays au modèle politique à bout de souffle  et la violence d'un père alcoolique puis l'enfance de Rubin sous Staline, d'abord dans un milieu privilégié grâce au  statut de ses parents puis la déchéance après l'arrestation de Klara.

On ne connait jamais vraiment le passé de ses parents, leurs aspirations , leurs souffrances et leurs secrets .

Pour Rubin, l'abandon de sa mère et l'absence d'informations , le poussent à partir , ce sera la mer avec son horizon infini . La découverte de l'océan est pour lui une révélation et cette passion ne le quittera pas , la pêche au chalut dans la mer de Barents devient son univers, sensuel, violent et dangereux .

Pour Iouri, l'échappatoire face à la rudesse du père sera les oiseaux et le départ vers un ailleurs moins hostile et plus tolérant...

La fin du roman aborde , enfin,  l'histoire de Klara :  on frémit d'horreur devant le passé de ces citoyens soviétiques souvent arrêtés de façon arbitraire et injustifiée, leur conditions de rétention, les interrogatoires sans fin et les séjours dans des contrées inhospitalières ...

Isabelle Autissier dresse un tableau peu amène de l'URSS et de la Russie actuelle avec la désolation des villes ainsi que de certaines populations autochtones ayant subi de plein fouet le joug soviétique.

Par contre, ses descriptions de la mer sont magnifiques et son abord des relations filiales est adroitement mené , cela confirme, s'il en était besoin , son talent d'écrivain .

Un grand merci à NetGalley et aux Editions Stock pour leur confiance.

#OublierKlara #NetGalleyFrance

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4 mai 2019 6 04 /05 /mai /2019 14:14
November Road de Lou Berney

Voilà un thriller comme je les aime : jusqu'à la dernière page je n'ai pas deviné ( ou feint de deviner ... ) si ce serait une "happy end "ou pas et ne comptez pas sur ma critique pour vous le dire !

En plus , le chemin pris par l'auteur est parfois déroutant avec d'une part le parti pris de l'implication de la mafia dans l'assassinat de JFK , c'est ce qui déclenche le nettoyage des témoins et d'autre part le profil atypique des personnages .

Franck Guidry comprend assez vite que , lorsqu'il est chargé par son patron, Carlos, un chef mafieux d'aller se débarrasser d'une voiture garée à Dallas près du lieu de l'assassinat du président , il va devenir à son tour la cible d'un tueur à gage et en l'occurrence Paul Darone est sur sa trace d'emblée.

Une course poursuite où chacun lutte, l'un pour sa vie, l'autre pour remplir son contrat essayant d'employer toutes les ficelles de leur longue expérience dans la mafia.

Lorsque Franck croise la route de Charlotte et de ses deux adorables filles , il y voit d'abord un stratagème pour brouiller les pistes mais le voyou au cœur dur et au passé de baroudeur se laisse malgré lui attendrir par cette femme non ordinaire,  fuyant un mari alcoolique et par le duo des petites .

Sur un rythme plutôt lent, l'auteur peaufine avec finesse l'étoffe de ses personnages avec leurs aspirations et leurs doutes ce qui les rend si consistants et donne une dimension émotionnelle au lecteur ( ce qui veut dire en gros que j'ai pleuré ...)

J'ai beaucoup aimé !

 

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29 avril 2019 1 29 /04 /avril /2019 15:08
Tangerine de Christine Mangan

Tanger, 1956, on imagine cette ville aux murs blancs éclairés par un soleil aveuglant sous une chaleur étouffante et les dames européennes enfermées dans leur maison, cherchant un peu de fraicheur  fuyant les rues peu sures et grouillantes de monde et les odeurs désagréables ...

C'est ce qui se passe pour Alice , jeune mariée qui  a suivi son mari à Tanger et ne s'acclimate pas à cette nouvelle vie, alors que son mari John passe ses journées et une partie des nuits dans la ville.

Arrive son amie Lucy qu'elle n'a pas vu depuis un an mais avec laquelle elle a vécu quelques années lors de leurs études s'entendant merveilleusement bien jusqu'au drame dont la teneur ne sera révélé au lecteur qu'à la moitié du roman.

Les chapitres alternent la narration d'Alice et de Lucy entre l'époque marocaine et les souvenirs de leur cohabitation.

Il s'installe rapidement un climat de tension entre la fragilité psychologique d'Alice et les intentions de Lucy , chacune racontant sa version avec de nombreuses divergences : qui croire ?

Mensonges, jalousie , avidité dans une ambiance ambigüe donnent une atmosphère étouffante comme la ville .

J'ai trouvé , malgré son format assez court , ce roman parfois un peu ennuyeux , les personnages ne sont pas vraiment sympathiques, même la fragile Alice et si on imagine très bien le scénario d'un film d'angoisse , cela demeure fort loin d'un roman de Daphné Du Maurier, de Gillian Flynn et des autres écrivains cités sur le bandeau d'annonce .

Merci à NetGalley et aux Editions Harper Collins

#Tangerine #NetGalleyFrance

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22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 09:09
Un silence brutal de Ron Rash

En Caroline du Nord, le monde ancien affronte le nouveau : Les, le shérif entame ses dernières semaines de travail et avant de passer la main , il poursuit sa tâche à sa façon, que ce soit pour traquer des fabricants de "Meth " , ramener une jeune femme droguée dans sa famille ou expliquer au vieux Gerald qu'il ne doit plus aller pêcher dans la réserve de Tucker .

Des méthodes "à l'ancienne" , souvent à la limite de la loi mais qui laissent une large part d'humanité chère à Ron Rash.

L'autre personnage marquant de ce roman est Becky, une quadragénaire , responsable du Creek Park, une femme qui a besoin de se fondre dans la beauté de la nature pour vivre et qui écrit de magnifiques poèmes inspirés de ses émotions .

Difficile de ne pas voir dans ces pages , une nostalgie devant la perte d'un monde plus sauvage et naturel et d'un mode de vie à l'encontre de la modernité , le thème récurrent de la rivière est bien présent avec ses truites sauvages qui survivent malgré celles d'élevage qu'on relâche régulièrement pour les citadins en quête de proies faciles  .

Mais je n'ai pas ressenti le même élan d'enthousiasme et de plaisir en lisant Un silence brutal , que les sept précédents  livres lus de cet écrivain ...

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21 avril 2019 7 21 /04 /avril /2019 11:23
Une drôle de fille d'Armel Job

Une petite ville de Belgique en 1958 ...

Les souvenirs de la dernière guerre ne sont pas très loin, surtout ceux qui n'ont pas été étalés au grand jour comme ces dénonciations de résistants qui restent encore présents dans les esprits et déclenchent toutes les hypothèses ...

Passé- avenir qui s'affrontent avec la libéralisation balbutiante des mœurs et l'envie des jeunes de s'affranchir des carcans qui enchainaient leurs parents .

C'est dans ce contexte mouvant que Madame de Vandelamalle arrive chez Ruben Borj , boulanger et sa femme Gilda pour leur demander , en leur forçant un peu la main , de prendre Josée, une jeune orpheline du même âge que leur fille Astrid comme apprentie .

Josée a survécu au bombardement qui a tué ses parents mais en a gardé des séquelles , elle est simple d'esprit , en proie à des crises d'épilepsie mais , ce qui va être à l'origine d'événements incontrôlables dans cette famille en apparence sans histoires, dotée d'une voix remarquable et remarquée en plus haut lieu . 

Ce don sort la jeune fille de sa condition de servitude, mettant en exergue tous les travers des hommes : médisance, jalousie, concupiscence , méchanceté ...

Armel Job, dont j'ai déjà apprécié l'intelligence de la mise en situation de ses romans , en refaisant vivre cette époque du début des trente glorieuses nous rappelle que notre époque actuelle avec ses excès , ses" fake news" n'a rien inventé ...

J'ai beaucoup aimé !

Toute ma gratitude à NetGalley et aux Éditions Robert Laffont

#UneDrôleDeFille #NetGalleyFrance

 

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17 avril 2019 3 17 /04 /avril /2019 22:01
Les gratitudes de Delphine de Vigan

Bien sûr, tout est fait pour que le lecteur compatisse et se sente proche des personnages du nouveau très court roman de Delphine de Vigan.

Une vieille dame, Michka,  dont les mots partent en vrille, ne peut plus rester seule chez elle et part dans un EHPAD ,  une jeune femme , Marie, élevée par Michka lui rend visite et Jérome, l'orthophoniste qui s'occupe d'elle se prend d'affection pour cette charmante personne .

Ces personnes ont chacune un passé non ordinaire, marqué par des drames mais aussi des rencontres fastes, ce qui les sort du lot commun , c'est déjà , en soi des sujets de roman et j'aurais aimé des développements plus approfondis sur ces histoires survolées   et puis on voudrait tant que les choses se passent ainsi dans la vraie vie , c'est , malgré ce qu'on peut en penser , une version édulcorée de la fin de vie ...

Bien sûr que l'on se rend compte souvent trop tard que l'on a pas marqué suffisamment sa gratitude envers les gens qui ont été importants dans sa vie et que c'est culpabilisant à postériori ...

Donc je fais partie des lecteurs d'avis mitigés !

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7 avril 2019 7 07 /04 /avril /2019 20:31
Trouver l'enfant de Rene Denfeld

On peut se lasser des histoires de disparition d'enfant, cela parait légitime au nombre de romans traitant ce thème .

Celui-ci fait intervenir comme personnage principal Naomi, une jeune femme elle même à la quête de son passé et ayant acquis une expérience dans la recherche d'enfants disparus .

Elle est appelée dans l'Oregon par les parents de Madison, une petite fille qui a disparu trois ans auparavant alors que la famille était partie en forêt cherchée un sapin de Noël .

Comment faire repartir l'enquête alors que tant de temps s'est écoulé ?

C'est tout l'art de la jeune femme qui se coule dans le vécu de l'enfant dans ses pensées, ses habitudes , comme une deuxième peau de chagrin et de douleur avec la  réminiscence de son propre drame , laissant derrière elle des gens qui l'ont aimée et aidée comme Mme Cottle , sa mère d'adoption et Jérome recueilli comme elle.

Ecriture sensible et poétique qui parvient même à faire éprouver une certaine pitié pour un criminel pédophile ...

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