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11 mars 2021 4 11 /03 /mars /2021 18:50
La leçon du brin d'herbe d'Olivier Bleys

Cet essai aurait pu s'appeler La résilience du brin d'herbe ... J'avoue avoir été un peu déconcertée en le lisant car Olivier Bleys nous livre un peu pèle-mêle des réflexions, des extraits de récits de voyage , et les motivations qui le font marcher et qui ne sont pas forcément les miennes ...

Grand marcheur, il a une façon bien à lui de prendre la route , que ce soit pieds nus, par étapes discontinues pour faire le tour du monde en repartant plus tard de là où il s'était arrêté .

Captivé aussi bien par les grandes étendues sauvages que par la périphérie des villes où il peut rester en admiration devant un buisson survivant au milieu des effluves toxiques des gaz d'échappement , il n'est pas à la  recherche comme d'autres voyageurs du contact humain à tout prix , il ne rejette pas toute idée du progrès, il en constate simplement et humblement sans leçon vraiment moralisatrice les dégâts ou les débordements  .

On se laisse parfois bercer par ses pas et quelques unes de ses pages les plus inspirées , mais j'ai trouvé que souvent les propos étaient trop dispersés et les réflexions assez banales  .

Par contre , on aimerait croire avec lui à la possibilité d'allier la réalité du monde avec ses villes tentaculaires et une certaine idée de la nature .

Je laisse la parole pour finir à son dernier paragraphe :

"Une voie est-elle possible entre l'amour de la nature et le consentement à la ville ? Souhaitons le . C'est sur cette sente étroite , ce fil de funambule que s'accompliront les marches de demain" .

Je remercie Masse critique et les Éditions Salamandre que je félicite pour la qualité sobre et chic de la couverture de cet ouvrage .

 

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6 mars 2021 6 06 /03 /mars /2021 11:43
Le train des enfants de Viola Ardone

A la fin de la seconde guerre mondiale, la pauvreté touche les habitants de Naples et les familles ne savent pas comment s'en sortir pour nourrir les enfants , les habiller, leur faire suivre l'école ... Le parti communiste décide d'envoyer par train de nombreux enfants défavorisés du Sud de l'Italie dans des familles plus aisées du Nord pour quelques mois.

Amerigo, 8 ans , qui vit seul avec sa mère, fait partie d'un de ces groupes rejoignant des familles d'accueil 

La séparation , les fausses rumeurs circulant sur la véritable destination des enfants,  rendent le voyage angoissant pour ces jeunes .

Que va trouver Amerigo en arrivant, que va t'il ressentir loin de sa mère, pourtant si peu tendre avec lui ?

Et surtout, chose que n'avait pas prévu les personnes à l'origine de ce projet généreux, que deviendront ces enfants après avoir connu d'autres familles qui ont choisi de leur offrir autre chose, plus d'aisance matérielle, la possibilité d'aller à l'école et l'amour d'autres parents et de frères et sœurs de cœur ?

Cette histoire, tirée de faits vécus réellement est poignante : la générosité qui n'est pas de la pitié ni de l’aumône , la di-gni-té même si elle a souvent du mal à s'exprimer sont très bien mises en avant chez de nombreux personnages .

Un roman admirable !

 

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27 février 2021 6 27 /02 /février /2021 18:41
Lëd de Caryl Ferey

Caryl Ferey dans les pages suivant la fin de son roman confie que son voyage en Sibérie est  le plus émouvant et sans doute le plus éprouvant ...

On veut bien le croire en lisant Lëd , il y a mis beaucoup de puissance et pour moi, cela a été une lecture passionnante .

D'abord, son intrigue tient correctement  la route , avec la découverte du cadavre gelé d'un Nenet, éleveur de rennes sous le toit d'un immeuble puis d'une jeune militante écologiste qui connaissait cet homme . Pour Boris Ivanotch, policier , ces deux morts ne peuvent être le fruit du hasard mais sa hiérarchie ne veut pas le suivre sur cette voie ...

La galerie de personnages est assez fournie avec des individus attachants , que ce soit Gleb , le mineur passionné de photos, Dasha une jeune femme costumière qui vient de perdre sa grand-mère et écoute du David Bowie, Lena, le médecin légiste et son mari Sasha , un autre mineur et qui "joue" au cosaque le week-end et Shakir, l’ouzbek, ancien combattant en Afghanistan  , chauffeur de taxi .

L'histoire se déroule à Norilsk , en Sibérie, ville la plus froide et la plus polluée du monde qui vit grâce à son usine de Nickel .

C'est dans la description de cette ville  où les températures peuvent descendre à -60 °,  des immeubles aux minuscules appartements distribués en fonction du travail  et du mérite des habitants que Caryl Ferey excelle . L'histoire de cette partie de Sibérie qui a connue les Goulags fait froid dans le dos .

Il décortique la vie de ces gens , parfois mutés comme mesure de punition sans espoir véritable d'en sortir comme ceux nés sur place , souvent descendants de prisonniers libérés du Goulag, des gens malades à cause de la pollution , il explique également le système de corruption à tous les étages et dans lequel ceux qui font de la résistance sont éliminés d'une façon ou d'une autre .

Il nous laisse imaginer ce que chaque sortie, chaque écart de la routine peut se transformer  rapidement en danger mortel ,  vu l’extrême rigueur du climat  , ce qu'on imagine mal et que , pour ma part je n'ai vraiment aucune envie de connaitre ...

Si on connait déjà un peu toutes ces histoires, l'auteur appuie vraiment là où cela fait le plus mal et j'en suis restée sidérée !

 

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22 février 2021 1 22 /02 /février /2021 17:47
Ce qui a dévoré nos coeurs de Louise Erdrich

Faye Travers , une femme plus toute jeune vit et travaille avec sa mère dans le New Hampshire . Elles font des inventaires dans les maisons lors de succession ou de départs .

Lors d'une première visite dans une vieille demeure où vient de mourir un ancien agent aux affaires indiennes , Faye , tombe en arrêt devant un tambour rituel différent de ceux  qu'elle a déjà vus et, chose totalement inhabituelle de sa part, elle subtilise l'objet se promettant d'en découvrir le propriétaire.

Cette première partie m'a beaucoup plu , le personnage de Faye est atypique , et l'auteur sait installer rapidement un climat de tension lié au passé de cette femme, un drame dans son enfance qu'on découvre peu à peu et qui explique sa conduite . On sent la lourdeur du chagrin .

Le deuil et le chagrin sont les thèmes de ce roman.

Les parties suivantes s'attachent à retracer l'origine, la fabrication et les pouvoirs du tambour . J'ai eu, je l'avoue plus de mal à m'y retrouver parmi les amérindiens et les époques bien que le fil conducteur soit toujours évident .

La nature est omniprésente avec de magnifiques descriptions, les corbeaux et les loups deviennent de véritables personnages dans ce récit qui frise souvent le conte .

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10 février 2021 3 10 /02 /février /2021 15:11
Autopsie d'un drame de Sarah Vaughan

Maltraitance, dépression post-partum, troubles obsessionnels : des sujets graves et douloureux que Sarah Vaughan traite avec beaucoup de doigté et de sensibilité dans ce roman .

Les chapitres alternent principalement autour de deux femmes, Liz qui est pédiatre et Jess , maman de trois enfants dont une petite fille de quelques mois .

Elles se sont rencontrées lors de leur première grossesse et ont formé avec deux autres femmes un groupe d'amies qui s'entraident même si, avec le temps, les liens se distendent un peu .

Liz est très surprise de voir arriver Jess , affolée , aux Urgences Pédiatriques avec son nourrisson qui ne va pas bien et lorsqu'une fracture du crane est diagnostiquée , l'enquête devant la suspicion de maltraitance est enclenchée .

C'est toujours difficile d'envisager qu'une personne, en l’occurrence une amie , puisse faire du mal à son enfant . Les choses sont plus complexes et c'est ce que montre cette histoire .

Il y est question aussi des séquelles propres à son vécu , des non-dits et même si des affinités se créent entre ces femmes leur donnant du réconfort , il reste néanmoins souvent une part de compétition, de jalousie et parfois de honte à avouer certaines choses .

L'ébranlement lié à ce drame se répercute  sur toute cette communauté et atteint aussi le lecteur , effectivement cette histoire m'a beaucoup perturbée, en tant que mère , bien sûr car on y retrouve ses doutes et ses angoisses, parfois ses remords  et en tant que pédiatre dans une vie lointaine pour moi, avec le souci toujours présent de ne pas passer à coté de cas de maltraitance ou d'en faire trop ...

Un livre que j'ai eu du mal à lâcher même si mes nuits en ont été tourmentées .

Je remercie NetGalley et les Éditions Préludes

#Autopsiedundrame #NetGalleyFrance

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8 février 2021 1 08 /02 /février /2021 13:50
le Dit du Mistral d'Olivier Mak-Bouchard

Voici une histoire qui m'a apporté une grande bouffée de bonheur et qui arrive comme un ilot salvateur au milieu d'un océan déchainé de mauvaises nouvelles  et de "sombritude " .

La découverte en bordure d'un champ de cerisiers dans ce magnifique pays du Lubéron de vieilles poteries est d'abord l'histoire d'une vraie rencontre entre deux hommes , qui jusque là  étaient restés distants, Monsieur Sécaillat, le vieux paysan et le narrateur , son voisin .

Il y a aussi l'excitation de ces fouilles qui a réveillé en moi le rêve d'archéologue , trouver chez soi des traces d'un passé ancien et oublié, imaginer d'anciennes civilisations foulant le même sol .

Chaque chapitre commence par une citation d'auteurs ou de proverbes provençaux et le récit est émaillé de légendes locales, de descriptions des lieux et de faits antiques .

Chez le narrateur le réel  se confond avec ses voyages oniriques qui parfois prennent le dessus et entrainent le lecteur vers d'autres cieux .

Le Mistral est  Maitre en son domaine et mène la farandole .

Si vous voulez vous évader sans prendre de "risque sanitaire " le dit du Mistral vous tend les bras !

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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 17:36
Dans l'ombre du loup d'Olivier Merle

On réagit parfois à la lecture d'un polar comme dans la vie , il faut que ça aille vite , sinon l'agacement pointe son nez ... Mauvaise attitude . On respire un grand coup et on savoure l'attente parce que le loup va finir par surgir alors que l'on s'assoupit un peu .

Cette lenteur initiale est un effet visiblement voulu par l'auteur :  son héros,   le commandant Hubert Grimm, récemment muté à Rennes ne voit pas plus que le lecteur d'intérêt à l'histoire de coups de téléphones et lettres anonymes reçues par un industriel riche et influent .

Grimm est un flic avec des valises bien lourdes et  et qui m'a fait penser par moments à Adamsberg , le commissaire de Fred Vargas . L'affaire que lui confie son supérieur n'est pas bien excitante et lui laisse le temps de ressasser ses obsessions . Mais le curseur va vite changer de bord et la suite est une succession de surprises pour le lecteur  qui s'accroche, pantelant, à l'équipe de Grimm  qui n'est pas au bout de ses peines.

L'histoire personnelle du policier qui s'incruste dans l'enquête n'est pas pesante , ce que j'apprécie , elle déclenche l'empathie pour le personnage. C'est bien joué , tout en laissant des interrogations à la fin du roman .

Donc accrochez-vous au ciel bas et lourd breton, il vous réserve un peu d'adrénaline !

Je remercie NetGalley et XO Editions

#Danslombreduloup #NetGalleyFrance

 

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29 janvier 2021 5 29 /01 /janvier /2021 11:41
Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs de Mathias Enard

Pour une fois , la théorie des cent premières pages se fait à l'envers ...

On savoure l'arrivée de David, l'étudiant parisien dans un village du Marais poitevin pour y écrire sa thèse sur la vie rurale dans le pays niortais .Le décalage fonctionne heureusement toujours et les lecteurs provinciaux (peut-être les autres aussi mais je ne suis pas bien placée dans ma commune girondine et rurale de 600 habitants pour en juger ) rient de bon cœur et les barrières mentales et les habitudes bien réglées de David vont peu à peu tomber devant la simplicité et la bonhommie locales . Même si cet art de vivre n'est pas qu'édénique .

Las, Mathias Enard abandonne notre thésard au milieu de ses doutes existentiels pour partir dans de multiples directions en évoquant la Roue , nom qu'il donne à la métempsychose et les différentes bribes de vie des trépassés de la commune , car son maire  est le patron des pompes funèbres, entreprise qui ne connait pas la crise .

C'est lui qui organise cette année là le fameux banquet des fossoyeurs : une description rabelaisienne qui vire rapidement à mon gout vers l'indigestion .

Nous retrouvons bien tard David et sa thèse dont on ne doute pas trop de son devenir .C'est bien la seule chose qui m'a fait poursuivre ma lecture, la curiosité de savoir comment le jeune homme allait s'en sortir .Dommage car Mathias Enard est un écrivain attachant mais je n'ai pas aimé la dispersion de ces propos .

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23 janvier 2021 6 23 /01 /janvier /2021 17:52
Un parfum de corruption de Zhenyun Liu

 

En commençant par l'histoire de Niu Xiaoli, une jeune femme , qui achète une épouse à son frère et qui se retrouve loin de son village à la poursuite de cette nouvelle épouse enfuie avec la dot, Liu Zhenuyn attire d'emblée l'attention du  lecteur .

Cet épisode d'épouse monnayée dérange bien sûr notre vision occidentale mais il est dans la continuité de la prééminence de l'homme dans la société chinoise même si l'auteur nous présente une jeune femme dégourdie et un frère bon à rien . Seulement , bien qu'elle soit tenace et plutôt maligne , l’héroïne n'est  pas suffisamment aguerrie pour ne pas tomber dans les pièges d'arnaqueurs en tout genre ... Et ce qui était déjà un voyage long , va devenir une véritable épreuve  et l'éloigner beaucoup plus de son village et de son but .

D'où les autres parties , où on suit les histoires emberlificotées d'hommes politiques , petits chefs ou sous chefs  de provinces dont les promotions tiennent plus à leurs relations qu'à leurs compétences ( mais ça , ce n'est pas vraiment réservé à la Chine ) . Toutes les magouilles , combines ,  et les pots de vins sont bons à prendre tant que l'on ne se fait pas piquer la main dans le sac .

Roman aux effets en cascade qui montre une société chinoise contemporaine bien loin des clichés que je pouvais  avoir . C'est particulièrement instructif dans le contexte politique et sanitaire actuel et si .j'ai préféré l'histoire de Niu , l'enchainement des événements suite aux  décisions de chacun procurent une lecture originale et plaisante

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15 janvier 2021 5 15 /01 /janvier /2021 15:02
L'agonie des grandes plaines de Robert F Jones

Où sont passés les bisons des grandes plaines ?  La réponse est malheureusement évidente, ils ont été décimés par les chasseurs blancs pour vendre leurs peaux , souvent en laissant pourrir les carcasses sur place . Et quand ils ont disparu des premiers territoires de chasse, les prédateurs les ont cherchés dans les territoires normalement réservés aux indiens mais avec la complicité des autorités qui voyaient là un des moyens pour soumettre les peuples premiers en supprimant un de leur moyens ancestraux de subsistance , le bison mort servant de base de nourriture , de vêtements et autres ustensiles.

Jenny Doussmann, une jeune fille d'origine allemande vivant dans le  Wisconsin , se retrouve seule dans la ferme familiale après le suicide ses parents en 1837 . Elle part avec son frère ainé, Otto,  un ancien soldat devenu chasseur de bisons pour partager cette vie vagabonde et spartiate , où les dangers sont les conditions climatiques difficiles comme les autres groupes de chasseurs sans oublier  les indiens , ceux qui résistent à leur enfermement dans des réserves et attaquent ces envahisseurs ...

Les descriptions de cette vie nomade, des massacres de bisons , des supplices indiens comme des exactions des colons font le lit du roman , sans rien édulcorer et la lecture est souvent pesante mais sans réelle surprise quand on a l'habitude de ce genre de littérature de "la conquête de l'Ouest " dont on peut remettre en question le bien fondé ...

Heureusement , ce roman est aussi fait de l'amour fraternel entre Jenny et Otto, de la force de caractère qui suscite l'admiration pour  cette jeune fille décidée à vivre comme elle l'entend même si cette liberté d'esprit se heurte à la violence des hommes .

Il nous permet de découvrir avec de très belles pages, la vie des tribus indiennes, leurs coutumes, leur code de l'honneur et l'orgueil de leur race qu'ils ne veulent pas  voir détruire sous le joug de nouveaux arrivants arrogants et méprisants .

On sait bien malheureusement ce qu'il en est advenu , comme du devenir de ces grandes plaines , leur domaine qu'ils partageaient avec respect avec la nature et en premier lieu les bisons ...

 Requiem pour un monde perdu !

#LAgoniedesgrandesplaines #NetGalleyFrance

je remercie NetGAlley et ELIDIA de leur confiance

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