Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 décembre 2022 7 25 /12 /décembre /2022 10:58
Rattrape-le de Jake Hinkson

Avec un tel titre on pourrait s'attendre à quelque chose de "léger " . C'est loin d'être le cas ...

Une très jeune femme, Lily Stevens, 17 ans , fait partie de la communauté des Pentecôtistes.

Enceinte, elle doit épouser Peter , le père du bébé, car sa situation est très mal vue par les membres de cette communauté , d'autant plus qu'elle est la fille du pasteur.

Or, Peter disparait deux jours avant le mariage . Lily ne peut admettre que le jeune homme l'ait abandonnée et sortant du carcan religieux qui isole de la réalité les adeptes de cette branche évangélique aux principes très stricts , elle va affronter le monde , aidée par le collègue de Peter , un géant homosexuel , Allan .

Sans connaitre les vices et les dangers qui l'entourent, elle se lance tête baissée dans une quête qui l'entraine dans les milieux sordides de la prostitution, de l'esclavage sexuel et de ses trafics mêlés à ceux de la drogue.

Quel rôle Peter a t'il pu avoir avec cette engeance , c'est tout l'enjeu de l'intrigue qui rebondit jusqu'à la fin.

L'auteur, lui-même fils de pasteur connait bien entendu parfaitement ce microcosme religieux , ayant lui-même grandi dans ce milieu. Il décrit bien toute l’ambiguïté et une certaine hypocrisie qui n'est pas l’apanage de ce mouvement .

Même si l'empathie  vis à vis de Lily met un certain temps à se créer , les descriptions de la vie chez les Pentecôtistes ne m'ont pas paru lourdes dans ce roman, elles permettent d'imaginer un peu ce qui fait le fondement de leur foi . Il n'y a pas de complaisance de l'auteur qui sait montrer qu'ils ne sont ni meilleurs ni pires que les autres ...

Et finalement, un roman dont le rythme se maintient et une intrigue qui tient bien la route .

Repost0
21 décembre 2022 3 21 /12 /décembre /2022 15:14
Clara lit Proust de Stéphane Carlier

Si je devais définir ce qu'est pour moi la Littérature "qui fait du bien " ce roman en ferait partie .

Après avoir observer le titre d'un œil circonspect voire méfiant , je finis ce livre avec enthousiasme, vous l'aurez compris.

D'abord, le cadre où se passe cette histoire : un salon de coiffure dans une petite ville , mal placé, et dans lequel ne viennent que les habitués et plutôt des femmes d'un certain âge ...

La patronne, Jacqueline Habib, est au comptoir d'accueil et les deux coiffeuses, Clara et Nolwenn sont secondées par Patrick le samedi qui a sa clientèle particulière .

La vie s'y déroule lentement sans véritables anicroches , un train-train un peu ennuyeux, surtout pour Clara , 23 ans qui vit avec JB un pompier , et son couple est comme le salon , sans passion .

Lorsqu'un inconnu laisse derrière lui un livre alors que Clara vient de le coiffer , elle ne sait pas trop si c'est un oubli ou un acte volontaire, en tout cas c'est ce qui va déclencher chez elle le début d'une nouvelle et merveilleuse aventure : la découverte de Marcel Proust.

Ne rigolez pas, premier réflexe un tantinet incontrôlable qui a cette mauvaise tendance à classer un peu vite les gens et leur intellect en fonction de leur métier et ce roman bouscule les codes avec beaucoup d'humour et de fraicheur .

Avec en plus, l'envie de relire Marcel Proust !

Repost0
19 décembre 2022 1 19 /12 /décembre /2022 14:48
Le Dévouement du suspect X de Keigo Higashino

La critique de Berni de La formule préférée du professeur m'a remis en mémoire une autre histoire de professeur de mathématiques qui attendait sagement son tour : Le Dévouement du suspect X .

Aucune similitude hors les mathématiques  entre ces deux romans japonais , Le Dévouement du suspect X est en effet un roman policier.

Ishigami est  professeur de mathématique dans un lycée et n'a que les mathématiques comme passion , mais quand Yasuko Nakaoka et sa fille Misado emménagent dans l'appartement voisin du sien , il se transforme en amoureux transi .

Lorsque sa voisine, harcelée par son ex mari qui la poursuit jusque chez elle , l'étrangle , il se porte à son secours et y voit l'occasion de se rendre indispensable et salvateur en imaginant un maquillage parfait du crime par un raisonnement "simplement " mathématique que l'on ne découvrira qu'à la fin .

Le lecteur suit d'une part l'enquête avec l'inspecteur Kusanagi et ses interrogatoires à répétition de Yasuko et d'autre part , l'évolution des relations entre Ishigami et la jeune femme .

Entre l'inspecteur et le professeur s'insinue Yukawa, un professeur de physique de l'Université , ami du policier et ancien compagnon d'étude d'Ishigami.

Le jeu que l'on peut qualifier "du chat et de la souris" entre ces différents personnages, à la fois  très intellectuel et scientifique des deux professeurs et beaucoup plus matérialiste de l'inspecteur et de Yasuko rend ce roman fascinant . Existe-il des problèmes mathématiques insolvables , c'est tout l'enjeu  !

Cela m'a fait penser également au roman d'Erri de Luca Impossible ! même style de joute intellectuelle en passant par des moyens bien différents ... Réjouissant !

 

Repost0
15 décembre 2022 4 15 /12 /décembre /2022 17:20

Emmanuelle Faguier, dès le prologue puis dans la première partie, en mélangeant plusieurs époques, Belleville 2020 et Aix en Provence été 1981 capte d'emblée l'attention de son lecteur.

Prologue : En 1994, un pianiste renommé, Marcus Solar , au fait de sa gloire stoppe brutalement sa carrière sans explication.

Octobre 2020, Gabrielle Jansen découvre les corps sans vie de Marcus Solar et d'Elisabeth Storm, sa gouvernante dans un manoir sinistre à Belleville . L'enquête , confiée aux policiers : Ronan Weber et Leïla Cherfa  conclue rapidement à un suicide et à une chute accidentelle .

Mais on se doute bien que l'affaire n'est pas si simple . Elle va tourner autour de la disparition d'un piano et des femmes de la vie de Marcus Solar , un être torturé dont on va peu à peu connaitre l'enfance difficile.

Pourquoi Marcus après 26 années de silence décide de faire une série de concerts, dont l'organisation est confiée à la jeune Gabrielle, pourquoi a t'il appelé son ex-fiancée américaine, Rose alors qu'ils n'avaient pas gardé de liens étroits la veille de sa mort et qui est cette mystérieuse Diane ... Autant d'interrogations aux quelles les policiers intrigués par les circonstances troublantes vont tenter de répondre alors que l'affaire est classée .

Retour en 1981, à Aix en Provence où trois amies, Diane, Esther et Virginie,  jusque là inséparables , arrivent à 21 ans à un tournant essentiel de leur vie et le trio se disloque subitement . Il faudra remonter à cette époque pour mettre les pièces du puzzle en bon ordre, et si tout cela n'était finalement que mensonges et manipulations ?

C'est un thriller qui se dévore mais pour lequel après l'enthousiasme de départ je suis restée plus sur la réserve car c'est assez emberlificoté et surtout les invraisemblances sont vraiment trop nombreuses ...

L'auteur aborde avec ce premier roman les thèmes du féminicide et de l'homosexualité refoulée , la musique , en particulier les œuvres de Chopin résonne dans le cœur de chacun  , on voudrait qu'elle apporte un apaisement car les personnages dans l'ensemble sont mal dans leur peau et cela se ressent à la lecture, on espère que les deux femmes de l'épilogue pourront trouver un peu de réconfort après tant de vies gâchées  .

Et de grâce, enlevez ces "e " rajoutés à la fin de Docteur et de lieutenant qui heurtent les yeux ...

 

Je remercie Masse Critique privilégiée et les Editions Harper Collins Noir

 

Repost0
13 décembre 2022 2 13 /12 /décembre /2022 10:52
Faire bientôt éclater la terre de Karl Marlantes

Karl Marlantes dans la postface de son roman y dévoile ses ascendances finlandaises et explique les relations compliquées entre la Finlande et la Russie dont elle a été sous domination au début du XX ème siècle au moment où commence l'histoire .

L'appartenance ou la sympathie politique, résumée un peu simplement entre Blanc et Rouge est un maillon essentiel du livre car c'est pour raison politique que deux des enfants de la famille Kosmi après avoir connu les geôles finlandaises quittent leur pays pour les Etats-Unis : Aino, une très jeune femme, admiratrice de Karl Marx et son jeune frère Matti. Ils rejoignent leur frère ainé , Ilmari , installé depuis quelque temps dans  la région de la  Colombia River dans l'Oregon, une contrée particulièrement boisée et offrant de ce fait de nombreux emplois de bucherons .

C'est également une région où les saumons, appelés chinooks migrent en quantité lors de la période de reproduction et constitue une source importante de revenus .

J'ai fait le rapprochement au début du roman avec Séquoias et L'America de Michel Moutot qui nous conte brillamment l'histoire d'émigrés européens et l'exploitation des forêts et de la pêche .

Mais si le cadre est  à peu près identique , ce roman de Karl Marlantes insiste plus sur le coté social .

Le militantisme d'Aino est le fil conducteur, elle lutte pour l'amélioration de la situation  des travailleurs et la description à la fois du travail dangereux des bucherons, du nombre d'heures , de leur salaire de misère et des effroyables conditions de vie dans les dortoirs, seule la cuisine préparée par des jeunes femmes comme Aino, leur apporte un réconfort.

Malgré son jeune âge et le fait qu'elle soit une femme, Aino se taille une place importante dans le syndicat W . C'est au détriment de sa vie d'épouse puis de mère, Aino faisant passer sa lutte anti-capitalisme avant tout le reste .

Bien sûr, et heureusement, il y a beaucoup d'autres événements dans ce pavé . D'abord la force de l'appartenance à leur pays d'origine, la Finlande, ces hommes et ces femmes restent très attachés à leur mode de vie, leur langue et leur coutumes . Mais cela ne leur est pas spécifique si on pense aux autres communautés, italiennes, grecques etc ...

L'auteur n'oublie pas non plus que ce pays était d'abord celui d'amérindiens et le personnage de la vieille indienne Vasutäti , seule de son peuple est bien représentatif de la fin d'une ère et avec sa mort , de la fin d'une race .

Ce roman apparait parfois un peu  long , les descriptions des techniques des bucherons sont particulièrement indigestes. La deuxième partie, plus variée, se déroule plus harmonieusement .

La personnalité d'Aino , même si son combat est juste frise souvent l'agacement . Les prises de position lors des appels à la gréve au moment de la première guerre mondiale apparaissent un peu ambigues et mettent mal à l'aise .

Mais on suit quand même avec plaisir les aventures de cette fratrie finlandaise et de leurs proches .

 

Repost0
4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 12:28
Un fils perdu de Sacha Filipenko

Sacha Filipenko, jeune écrivain biélorusse nous propose une histoire s'inspirant d'événements réels avec des personnages de fiction , sans jamais mentionner le nom du pays ou de son dirigeant , mais sans que cela donne le moindre doute , le roman se passe en Biélorussie s'étendant de 1999 à 2009 .

Zisk Lioukov est un élève de 16 ans , peu brillant , dans une école de musique destinée à former des musiciens professionnels en particulier pour l'Orchestre National .

Lors du dernier conseil de classe, plutôt que d'attendre les résultats, Zisk et ses copains partent à une fête . Ils sont surpris, en cours de route , par un orage de grêle et se réfugient dans un souterrain . Il y aura de nombreux morts et blessés dont Zisk, transporté dans un hôpital public dans le coma.

Son état ne s'améliorant pas , les médecins décident de le déclarer mort, mais sa grand-mère qui l'élève et chez qui il vit en grande partie , s'oppose à la sentence et vient s'installer pour de longues heures dans la chambre où elle lui parle, lui fait écouter de la musique et lui commente les matchs de foot .

On ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec le film Good Bye Lénine dont la mère se retrouve dans une situation quasi identique . Sauf que lorsqu'elle se réveille, le mur de Berlin a été démoli et la RDA n'existe plus ... Fin de la ressemblance avec ce roman car Zisk va effectivement se réveiller au bout de 10 ans mais dans un pays exactement dans le même état . Comme si ce coma était également celui de la Biélorussie dont le président-dictateur est réélu sans que l'opposition arrive à faire entendre sa voix .

Pas de futur, pas d'espoir pour les habitants de ce pays qui flirte avec son voisin appelé Le Grand Frère et une fois de plus avec un constat inquiétant à la lueur des événements en Ukraine .

Décidément quand on creuse un peu la littérature récente des pays de l'ex URSS, on est, en ce qui me concerne,  d'une part consterné par le niveau de dépendance et d'une certaine allégeance au Grand Frère voisin et d'autre part par une passivité ou un fatalisme de nombre d'habitants de ces pays, les peu nombreux qui osent élever la voix sont mis à l'écart de la société , voire empêcher de façon plus directe de s'exprimer ...

Repost0
26 novembre 2022 6 26 /11 /novembre /2022 21:24
Zéphyr Alabama de Robert McCammon

Voilà un roman dit d'apprentissage ( il faut bien mettre quelques étiquettes même si je n'aime pas enfermer les choses dans des cases ) qui a eu mes faveurs. Pourtant , cela peut paraitre une gageure tant les histoires d'enfance sont nombreuses ... Mais l'auteur frappe fort d'emblée en évoquant la magie de l'enfance et cela capte immédiatement l'attention .

Cory Mackenson, 11 ans est un jeune garçon heureux qui vit à Zéphyr dans une famille harmonieuse , le père ne boit pas, la mère n'est pas une mégère ... Il a une bande de bons copains avec qui il va au cinéma le samedi et la petite ville est agréable et paisible.

Il est passionné par les Comics, les monstres et il écrit de petites histoires , rêvant de devenir un jour écrivain .

La faille arrive rapidement dans le récit : Tom, le père qui est laitier demande à Cory de l'aider dans sa tournée matinale , ils sont témoins d'un accident , une voiture tombe dans le lac et Tom, qui est pompier volontaire, se jette à l'eau pour sauver le conducteur mais celui-ci est déjà mort  visiblement assassiné .

Personne ne connait la victime et l'enquête aboutit rapidement à une impasse .

Seulement, cette histoire va  hanter Tom , ces nuits sont peuplés de cauchemars.et l'homme dépérit. Corie, lui, qui a cru apercevoir une ombre et a ramassé un petit objet , compte bien éclaircir ce mystère et scrute le monde différemment , les hypothèses fleurissent alors chez ce garçon à l'imagination débordante .

La vie continue à Zéphyr avec ses bons moments, comme la fête foraine et ses heures plus sombres avec les inondations et les bagarres , sans oublier les actes du Ku Klux Klan , nous sommes en 1964 et la ségrégation a encore la peau dure .

1964, c'est aussi l'irruption d'une musique qui dérange les adultes et que les jeunes écoutent à tue-tête , les Beach Boys et autres, l'ouverture du premier supermarché à Zéphyr , les prémices de la guerre au Vietnam . Tous ces événements, grands et moins grands sont racontés au fil du roman d'une façon naturelle,  les adultes soupçonnent avec angoisse mais souvent avec résignation que le progrès est en marche et qu'il vaut mieux faire avec.

Même si on ne voit pas bien comment peut aboutir cette affaire de meurtre d'autant plus qu'elle sort vite des mémoires en dehors de Tom et Corie, le récit s'en éloigne pour nous raconter tout ce qui remplit la vie d'un jeune garçon mais Corie est obstiné , cela reste un fil conducteur qui nous mène jusqu'à la fin de ce beau roman.

J'ai aimé cette façon de construire cette histoire et le caractère du personnage de Corie , pas de grandes phrases ni d'emphase mais un chemin tracé suivi sans en dévier .

Repost0
19 novembre 2022 6 19 /11 /novembre /2022 12:51
Zizi Cabane de Bérangère Cornut

De Bérangère Cornut , je n'avais lu que De pierre et d'os , très beau roman, à la limite du conte au pays des Inuits .

Lorsque l'on s'introduit dans la famille de Zizi Cabane entourée de ses frères Béguin et Chiffon et des parents Ferment et Odile, on peut s'imaginer dans un pays exotique ... L'exotisme ,en fait,  est dans le mode de fonctionnement de cette famille avant la disparition d'Odile . Et d'originale , cette vie familiale devient bancale, même la maison participe à la confusion, l'eau se met à couler à l'intérieur alors que la source du jardin coule doucement . Cela devient une idée fixe pour Ferment qui pose drains et canalisations, creuse et détourne , il en oublie les enfants .

Un faux grand-père  débarque et devient un membre indispensable au bien-être familial , alors que Tante Jeanne s'installe chez eux délaissant son fiancé . Les enfants découvrent une autre maison, un cercle de famille qui se réinvente mais  où le vide laissé par l'absence de la mère ne se comble pas dans les cœurs blessés .

Zizi et son frère Chiffon explorent des pays imaginaires avec les cartes en tissu de Chiffon .

L'esprit d'Odile vient comme une onde ou un souffle de vent fureter autour des siens dans des envolées poétiques . L'eau et le vent s'enlacent dans les rêves et guettent , plus inquisiteurs que gardiens .

Un roman sur le deuil, sur l'absence de réponse à la disparition de la mère et Zizi Cabane, trop jeune  au moment du drame , doit composer avec les non dits jusqu'au refus qui marque la fin de l'enfance.

Parfois un peu déroutant, sans être déplaisant mais cette histoire ne restera pas pour moi la meilleure de cette écrivaine .

Repost0
11 novembre 2022 5 11 /11 /novembre /2022 11:42
Le dernier des siens de Sibylle Grimbert

Gus, un jeune scientifique , envoyé par le Muséum d'Histoire naturelle de Lille , assiste en 1835 au massacre d'une colonie de Grands Pingouins en Islande ... et au retour de cette expédition sanglante recueille à bord du bateau un de ces pingouins blessés voyant là une opportunité d'envoyer un spécimen en France, mort ou vif .

Il ramène l'oiseau aux Orcades chez sa logeuse et après une délicate période d'adaptation , une relation étroite commence à se créer entre celui qu'il baptise Prosp et Gus .

Si au début, son intérêt est d'ordre scientifique, des liens faits de respect , de curiosité et finalement ce qu'il va découvrir avec grand étonnement,  d'amitié vont diriger leurs deux vies   entre les Orcades et le Danemark en passant par différentes iles du Nord de l'Europe .

Sibylle Grimbert a réussi à transmettre dans ce roman l'évolution de la pensée de ce scientifique devant la disparition d'une espèce, notion qui n'avait pas encore vraiment émergé, la seule espèce connue ayant disparu de façon officielle étant le Dodo . De l'incrédibilité de cette possible extinction au véritable traumatisme existentiel , Gus , sur une quinzaine d'années de cohabitation avec le pingouin,  passe par de nombreuses fausses idées puis à une prise de conscience qui trouve un fort écho vis à vis de notre inquiétante situation actuelle .

L'écrivaine évite aussi l'écueil d'un anthropomorphisme qui aurait nui à la crédibilité de son récit. On s'attache à Prosp comme personnage principal sans se faire d'illusion sur son devenir ni espérer un "happy end " qui serait mal venu dans le message envoyé par  ce roman .

Quand on lit à la fin du livre toutes les sources dont s'est inspirée Sibylle Grimbert, on constate un gros travail de recherches sur le sujet de la prise de conscience  de la disparition de certaines espèces fragiles liée à l'homme . On ne peut que se battre à notre échelle et motiver les jeunes générations sur la préservation de la diversité de la nature  .

J'ai beaucoup aimé ce roman , j'ai apprécié l' approche qu' a eu Sibylle Grimbert sans juger mais en mettant bien le doigt là où ça fait mal ...

Roman lu en Novembre 2022

Repost0
4 novembre 2022 5 04 /11 /novembre /2022 21:40
La baignoire de Staline de Renaud S.Lyautey

Cette histoire qui se passe en 2009 en Georgie a plusieurs mérites . D'abord d'être une lecture plaisante , ce qui est à mes yeux un atout essentiel ...

Ensuite il met au devant de la scène une autre ex-république de l'URSS , berceau de Staline et un peu oubliée depuis les événements en Ukraine mais qui a également lutté contre son puissant et encombrant voisin .

Le roman met en avant aussi la difficulté de s'affranchir du passé communiste avec des conséquences toujours à l'affut de la moindre égratignure .

Lorsque le corps sans vie d'un homme jeune, Sébastien Rouvre  est découvert à l’Hôtel Marriott de Tbilissi, la capitale de la Georgie, les policiers sont dans l'embarras car il s'agit d'un jeune français . L'enquête est confiée à Nougo Shengelia , diplômé de l'école de police de Saint-Cyr et l'Ambassade de France, prévenue du décès d'un de ses ressortissants envoie René Turpin, premier conseiller.

Les deux hommes vont mener les investigations ensemble . Les premiers éléments de l'enquête les entrainent d'abord dans une ancienne ville thermale, Skaltubo, qui bénéficiait d'une bonne réputation à l'époque stalinienne d'autant plus que Staline y avait une datcha . C'est dans les vestiges de cette demeure que se trouvait la fameuse baignoire . Mais je n'en dirais pas plus sur son sort...

L'affaire prend un autre tournant lorsque de nouveaux meurtres surviennent mais concernant des georgiens dont un ancien dignitaire communiste .

Les deux personnages principaux attirent rapidement la sympathie du lecteur . Le jeune policier , d'origine abkhaze se remet mal de l'exil de sa famille  et le conseiller René Turpin est un homme assez dépressif, attaché à ce pays et qui a lié de forts liens d'amitié avec son voisin , un vieux communiste qui lui fait connaitre les meilleurs plats géorgiens dont la description au cours du roman fait saliver( ou pas ... ).On plonge avec eux dans le passé de la guerre froide avec ses espions , le KGB et autres et les tentacules invisibles qui planent encore .

L'auteur , ancien diplomate connaissait donc bien le milieu des ambassades , et j'ai aimé ce roman plus pour son atmosphère que par l'enquête en elle-même .

 

Repost0